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Critique de argali


Je ne savais trop à quoi m'attendre avec « Zébraska » avant d'entendre Isabelle Bary en parler. Je savais juste que c'était son 7e roman et qu'il abordait la problématique des enfants à Haut Potentiel. J'ai appris que l'auteure a elle-même un adolescent surdoué et que ce roman a été comme une évidence pour elle à un moment donné. Un besoin d'expliquer les difficultés de ces enfants, les leurs et celles de leur entourage, un besoin de tourner une page aussi. Ce livre fut en quelque sorte, une thérapie.
Je ne connaissais pas intimement le sujet avant cette lecture. Enseignante dans le qualifiant, je n'ai rencontré qu'un seul enfant HP durant ma carrière et assez éloigné de Thomas. J'ai donc découvert cette réalité à travers les yeux de Mamiléa, de Thomas et de Marty.
J'ai aimé le fait que ce soit un roman, une histoire où les héros sont particuliers (et terriblement attachants). Un roman qui se déroule en 2050, ce qui permet de porter un regard distancié sur notre époque et propose une réflexion intéressante sur le monde que nous laisserons aux générations à venir. Les difficultés de vie et d'acceptation de Thomas sont celles de tout enfant différent. Ici, c'est un HP mais la souffrance qu'il raconte, l'inadaptabilité qui est la sienne peuvent se retrouver chez des enfants dysphasiques, autistes, TDA/H... difficultés d'apprentissage que je côtoie constamment.

Dans une classe de normo pensants, un enfant différent, quel qu'il soit, sera forcément en marge, l'action pédagogique des enseignants étant adaptée à la norme, elle souffrira donc d'une certaine inadéquation. La différenciation, bien qu'étant notre objectif, n'est pas toujours favorisée par le nombre et les multiples profils apprenants des élèves. J'imagine donc assez bien le décalage intellectuel qui doit exister entre un HP et le reste du groupe. Cela doit également affecter le fonctionnement pédagogique habituel et représenter une problématique douloureuse aussi bien pour l'enseignant que pour l'élève.

J'ai été touchée par ce roman hors norme, par ces enfants qui pensent différemment, souffrent de synesthésie, décodent le quotidien à leur façon... Que de souffrance, que ce soit chez l'enfant ou chez la maman ! Remise en question permanente, peur du regard des autres, angoisse face à l'avenir, souffrance de l'isolement, du rejet, du déséquilibre de l'enfant, de son inadaptation... Mais malgré tout, Isabelle Bary ne nous propose pas un récit anxiogène. L'humour est bien présent, l'espoir aussi. Chaque avancée est une victoire même si on avance comme à la procession d'Echternach, s'il faut recommencer encore et encore. Elle trouve les mots justes pour décrire les situations et les émotions intenses qui traversent ce roman de part en part. Les parents concernés se reconnaissent très certainement dans ce récit et ceux qui, comme moi, le lisent en spectateur, touchent du doigt une réalité qu'ils ne soupçonnaient pas.

Mais ne perdons pas de vue que ce livre est avant tout un roman. Un roman qui parle aussi d'héritage, de lecture, de progrès technologiques et relationnels, d'anticonformisme... Bref, une histoire d'espérance et de foi, une belle ode à la vie et un pari réussi.

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