Entre repos et mouvement
cause et effet
le corps âprement gagné
s’immobilise
en chien de fusil
Viens chercher, s’entend-il crier
Viens chercher
Mais lui attend
la détonation dernière du maître fatigué
le feu dernier du maître sans munitions
pour lui sauter au cou
arracher une fois pour toutes
son droit le plus élémentaire
à tuer seul et pour son compte
ce que bon lui plaît
le sentiment d’être un nouveau colosse de Rhodes,
certains jours – un pied de chaque côté de la méditerrannée – et d’autres, la sensation d’avoir le cul qui s’érode entre deux chaises
Ce pays est beau
Oh oui oui oui
répondent les gens beaux
Les gens sont adorables
Oh oui oui oui
répondent les gens adorables
Il y a le soleil tous les jours
Oh oui oui oui
répondent les peaux Oréales, se secouent les cheveux d’or et les lèvres hyaluroniques
Sans ironie aucune
Melania ;
C’est toi ou lui.
Melania ;
Ne meurs pas sous un pont.
Melania, please ;
Ton jour est le mardi
Jour des prisons, des mariages et des haines
Mars est ta planète.
Rouge est ta peau.
Melania please
Melania ;
Please dare to be
Ma Cersei bien-aimée
Entre les plis de son élégance se dessine une sainteté de playmate
Les lèvres serrées à Tanger
Sont si serrées qu’on dirait des cicatrices
Car Tanger c’est bien
De la misère devant le Minzah
Des euros à rendre blancs
Des pentes à dévaler
Des côtes pour les béquilles
Des parcs pour les cannes
De la colle dans du plastique blanc
Des déviations
Des variations
Des travaux
Des Café-de-la-Paix
Des Café-de-Paris
Des Salon-de-Paris
Des Hôtel-de-Paris
À Tanger
Des hommes hurlent et les sirènes
ceux-là même censés veiller au silence
Ils hurlent la nuit dans les pensions
et transpercent chaque jour
comme un autre jour
font des maisons cariées
polychromes
dans lesquelles on enferme
les gens dehors dans lesquelles
les loups se marient chaque jour
Être à Tanger c’est se dire
que
Louvoyer
Entre les hommes balafrés quand on est une femme lourdement fardée
Entre les femmes lourdement fardées quand on est un homme balafré
C’est déjà résister
Être à Tanger
rendre le sourire
Aux expatriés de la cinémathèque
Qui sourient dans des costumes chic
Des beatniks nostalgiques
Habillés en beatniks nostalgiques
Des expatriés de la Kasbah
Qui sourient dans des costumes chic
Des aristocrates qui fricotent avec des smicards
Pour pouvoir être aristocrates encore un peu
Des aristocrates qui sourient aux smicards
Parce qu’un sourire vaut tous les euros du monde