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Critique de Pancrace


« Si tu n'es pas prêt à risquer ta peau, deviens pizzaiolo. »

C'est en ces termes que l'on peut caractériser le combat quotidien mené par les chefs des « étoilés » du monde. C'est un métier d'hommes d'ailleurs souvent inspiré par des femmes comme Mesdames Point, Pic et Brazier mais, soyez apaisées, il n'y aura plus jamais de parité.
Les coqs se sont emparés des cuisines, les ergots acérés pour laminer, émincer, hacher les velléités et s'emparer des macarons de la consécration tant convoités et de temps à autre méprisés une fois obtenus. Kafkaïens les chefs ? Non, seulement des hommes justement. « Egocentriques, violents et autodestructeurs. C'est le métier qui veut ça. »

Il a bien eu raison Gautier Battistella de créer de toutes pièces un chef de fiction, Paul Renoir, pour doucement égratigner les chefs en faction.
Quinze ans chez Michelin à suivre la piste aux étoiles et à déguster l'excellence quotidienne lui ont surement fait digérer tous les honneurs, les fastes, les lustres, mais aussi les bassesses, les humiliations et les chutes que ce métier plus qu'un autre révèle.

On va assister à des prises de pouvoir, à des ascensions fulgurantes à des déchirements familiaux et à des effondrements retentissants.

« Imaginez Usain Bolt remettre son titre en jeu deux fois par jour. »

On va vivre la création de la bistronomie, cette gastronomie de bistro tellement alléchante et follement divertissante. « Ce rejeton égoïste, l'enfant gâté des bobos parisiens. »

Orgueil et erreur de jugement, chefs aux lauriers tressés et aux bouquets garnis d'étoiles, n'avez-vous vu rien venir, aveuglés par le guide ?
La cuisine de papa ne passe plus comme crème, il faut alléger, raccourcir les cuissons, donner du peps et du croquant, utiliser l'amer qu'on voit danser le long de nos papilles plus très claires.

Il est à la fois lourd et divertissant ce livre du temps qui passe. Décalage garanti à le bouquiner entre un oeuf mayo sur une nappe à carreaux et un Bo-bun dans le bureau.
De chez M. Bocuse et sa volaille féerique au moléculaire de Ferran Adria l'espagnol au gaz carbonique il en aura fallu des ambitions dévorantes pétries d'exaltation autant que de désillusion pour obtenir de l'inédit, conquérir des palais neufs prêts à fondre pour des alliances insolites et des assemblages ludiques.

« La cuisine a été longtemps une profession de voyous destinée à des gentlemen. »

Ceci dit, je ne vais pas cracher dans la soupe aux truffes, ce roman m'a fait revivre de magnifiques anniversaires et de fabuleux repas d'affaires en compagnie de vraies personnalités passionnées et passionnantes, leurs plats mythiques inscrits dans mon coeur comme des monuments au patrimoine de l'Unesco.



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