AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de GuillaumeTM


« La société de consommation » est encore un de ces ouvrages de la période post-68 qui, malgré les décennies qui nous en séparent, a gardé un discours pertinent et perspicace. Seuls les noms et les situations ont changés, le reste demeure tel qu'il a été décrit à la sortie de ces années 60 tant mythifiées de nos jours.

Il s'y trouve un nombre assez conséquent de choses que n'importe lequel d'entre nous a déjà pu observer si tant est qu'on soit capable intellectuellement d'en faire une analyse, pour une ligne de départ en somme assez proche de celle étayée par Baudrillard dans cet essai-ci.

Le concept idéologique premier de la consommation est l'objet, que dis-je, un nombre invraisemblable d'objets dont l'utilité n'est que facultative. ce capharnaüm d'objets prend, à mes yeux, la forme d'un prodigieux festin, qui n'a rien de rimbaldien, où tous les gens y sont conviés sans distinction d 'aucune sorte à part celui de faire partie du même groupe social, où la prodigalité est reine ainsi que le bien-être, l'hédonisme mortifère, à l'image de celui illustré dans le film de Marco Ferreri, « La grande bouffe ». Cette société de consommation nous poussant à la régression, à l'infantilisation, dans cette quête acharnée de retrouver un jour le plaisir simple et subit de l'enfance.

La morale chrétienne a été remplacée par celle de la consommation, les centres commerciaux en sont les églises où l'on y viens prier quotidiennement pour son propre salut .(d'ailleurs, le rappeur américain Kanye West, dans une chanson en compagnie de son compère Jay-Z, n'avait-il pas prétendu, non sans ironie, qu'il irait se marier dans un centre commercial !)

Le mythe de la sainte croissance économique éternelle, celle que l'on attend encore aujourd'hui de nos yeux fébriles, ne peut qu'être néfaste car elle ne fait qu'engendrer du sentiment d'insécurité, de peur de se retrouver abandonné sur le bas-côté de la chaussée parmi les laissés-pour-comptes , de la compétitivité féroce, ce qui provoque donc une violence aussi irraisonnée qu'irréfléchie. le serpent se mord la queue comme le dit le proverbe parce que pour une production optimale, il faut forcément faire un peu de gaspillage sans compter sur l'obsolescence programmée dont on a beaucoup entendu parler ces derniers temps ou la courte utilité que l'on fait des objets dont on s'entoure.

Tout n'est plus que consommation, que ça soit notre rapport avec les autres, la culture transformée en simple marchandise, même et surtout le corps dont il faut prendre soin si on ne veut pas finir par culpabiliser à cause de tous ces messages publicitaires et ces articles de magazine qui sont en fait une véritable campagne de propagande en faveur du narcissisme le plus éhonté.

« La consommation est une institution de classe »

Les marques servent avant tout à se distinguer de la masse, à se différencier. La grande différence étant entre des personnes d'origine populaire et bourgeoise, c'est que les premiers afficheront ostensiblement ces symboles de prestige, de richesse par des vêtements coûteux alors que les seconds se feront plus discrets sur ces signes-là, feront preuve de davantage de subtilité et de raffinement. Seuls ceux capables de décrypter ces codes sauront ce qu'il en est vraiment, de qui est quoi en réalité. de cette façon, on se rend bien compte également qu'il n'y a pas d'égalité entre les gens puisque existe toujours une « ségrégation culturelle plus aiguë et plus subtile » encore.

Il est désormais impossible d'en sortir car même sa dénonciation fait partie de son processus d'assimilation. Toute contestation survenant soudainement est aussitôt avalée et digérée, la preuve étant par exemple l'image du Che affichée sur des paquets de cigarettes ou sur des t-shirts, tout symbole étant vidé de sa substantielle moelle originelle, tout est dilué dans le continuum économique. le pire, c'est que les pays en voie de développement aujourd'hui, comme le Brésil ou la Chine, prennent notre société occidentale comme modèle de consommation. Au train où vont les choses, si une prise de conscience au niveau mondiale n'est toujours pas à l'ordre du jour, nous risquons de finir notre course effrénée dans le fossé.
Commenter  J’apprécie          174



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}