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Citations sur La société de consommation (78)

Entrer dans le cycle de la consommation et de la mode, ce n'est pas seulement s'environner d'objets et de services au gré de son propre plaisir, c'est changer d’être et de détermination. C'est passer d'un principe individuel fondé sur l'autonomie, le caractère, la valeur propre du moi à un principe de recyclage perpétuel par indexation sur un code où la valeur de l'individu se fait rationnelle, démultipliée, changeante : c'est le code de la "personnalisation", dont nul individu en soi n'est tributaire, mais qui traverse chaque individu dans sa relation signifiée aux autres.
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Notre société se pense et se parle comme société de consommation. Au moins autant qu’elle consomme, elle se consomme en tant que société de consommation, en idée. La publicité est le péan triomphal de cette idée.
[…] Sans cette anticipation et cette potentialisation réflexive des jouissances dans la « conscience collective », la consommation ne serait pas ce qu’elle est et n’aurait pas cette puissance d’intégration sociale. Elle ne serait qu’un mode de subsistance plus proche, plus plantureuse, plus différenciée que jadis, mais elle n’aurait pas plus de nom qu’elle n’en avait jusqu’à nos jours, où rien ne désignait comme valeur collective, comme mythe de référence ce qui n’était qu’un mode de survie (manger, boire, se loger, se vêtir), ou dépense somptuaire (parures, châteaux, bijoux) des classes privilégiées. Ni manger des racines ni donner des fêtes n’avait nom : consommer. Notre époque est la première où aussi bien les dépenses alimentaires courantes que les dépenses « de prestige » s’appellent toutes ensembles « CONSOMMER », et ceci pour tout le monde, selon un consensus total.
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Nous sommes à une époque où les hommes n'arriveront jamais à perdre assez de temps pour conjurer cette fatalité de passer leur vie à en gagner.
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Cette difficulté d’être dans l’abondance démontrerait à elle seule, s’il le fallait, que la prétendue « naturalité » du désir de bien-être n’est pas si naturelle que ça –sinon les individus n’auraient pas tant de mal à s’y faire, ils sauteraient à pieds joints dans la profusion. Ceci devrait nous faire pressentir qu’il y a dans la consommation autre chose de tout différent, peut-être même l’inverse –quelque chose à quoi il faut éduquer, dresser et domestiquer les hommes- en fait un nouveau système de contraintes morales et psychologiques qui n’a rien à voir avec le règne de la liberté. Le lexique des néo-philosophes du désir est significatif à cet égard. Il n’est question que d’apprendre aux hommes à être heureux, de leur apprendre à se consacrer au bonheur, d’aménager chez eux les réflexes du bonheur. L’abondance n’est donc pas un paradis, le saut par-delà la morale dans l’immoralité rêvée de la profusion, c’est une nouvelle situation objective régie par une nouvelle morale. Objectivement parlant, ce n’est donc pas un progrès, c’est tout simplement quelque chose d’autre.
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Il n’est pas question pour le consommateur, pour le citoyen moderne de se dérober à cette contrainte de bonheur et de jouissance, qui est l’équivalent dans la nouvelle éthique de la contrainte traditionnelle de travail et de production. L’homme moderne passe de moins en moins de temps de sa vie à la production dans le travail, mais de plus en plus à la production et innovation continuelle de ses propres besoins et de son bien-être. Il doit veiller à mobiliser constamment toutes ses virtualités, toutes ses capacités consommatives. S’il l’oublie, on lui rappellera gentiment et instamment qu’il n’a pas le droit de ne pas être heureux. Il n’est donc pas vrai qu’il soit passif : c’est une activité continuelle qu’il déploie, qu’il doit déployer. Sinon, il courrait le risque de se contenter de ce qu’il a et de devenir asocial.
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Dans la pratique quotidienne, les bienfaits de la consommation ne sont pas vécus comme résultat d'un travail ou d'un processus de production, ils sont vécus comme un miracle.
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Si la société de consommation ne produit plus de mythe, c’est qu’elle est elle-même son propre mythe. À un Diable qui apportait l’Or et la Richesse (au prix de l’âme) s’est substituée l’Abondance pure et simple. Et au pacte avec le Diable le contrat d’Abondance
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En définitive, le coût majeur de la société de consommation est le sentiment d'insécurité généralisé qu'elle engendre.
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Il faut abandonner l’idée reçue que nous avons d’une société d’abondance comme d’une société dans laquelle tous les besoins matériels (et culturels) sont aisément satisfaits, car cette idée fait abstraction de toute logique sociale. Et il faut rejoindre l’idée reprise par Marshall Sahlins dans son article sur la « première société d’abondance », selon laquelle ce sont nos sociétés industrielles et productivistes, au contraire de certaines sociétés primitives, qui sont dominées par la rareté, par l’obsession de rareté caractéristique de l’économie de marché.

Plus on produit, plus on souligne, au sein même de la profusion, l’éloignement irrémédiable du terme final que serait l’abondance - définie comme l’équilibre de la production humaine et des finalités humaines.

Puisque ce qui est satisfait dans une société de croissance, et de plus en plus satisfait au fur et à mesure que croît la productivité, ce sont les besoins mêmes de l’ordre de production, et non les « besoins » de l’homme, sur la méconnaissance desquels repose au contraire tout le système, il est clair que l’abondance recule indéfiniment : mieux – elle est irrémédiablement niée au profit du règne organisé de la rareté (la pénurie structurelle).

Pour Sahlins, c’étaient les chasseurs-collecteurs (tribus nomades primitives d’Australie, du Kalahari, etc.) qui connaissaient l’abondance véritable malgré leur « pauvreté ». Les primitifs n’y possèdent rien en propre, ils ne sont pas obsédés par leurs objets, qu’ils jettent à mesure pour mieux se déplacer. Pas d’appareil de production ni de « travail » : ils chassent et cueillent « à loisir », pourrait-on dire, et partagent tout entre eux.

Leur prodigalité est totale : ils consomment tout d’emblée, pas de calcul économique, pas de stocks. Le chasseur-collecteur n’a rien de l’Homo œconomicus d’invention bourgeoise. Il ne connaît pas les fondements de l’Économie Politique. Il reste même toujours en deçà des énergies humaines, des ressources naturelles et des possibilités économiques effectives. Il dort beaucoup. Il a confiance – et c’est cela qui marque son système économique – en la richesse des ressources naturelles, alors que notre système est marqué (et de plus en plus avec le perfectionnement technique) par le désespoir face à l’insuffisance des moyens humains, par une angoisse radicale et catastrophique qui est l’effet profond de l’économie de marche et la concurrence généralisée. (pp. 90-91)
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L'"indifférence" politique, cette catatonie du citoyen moderne, c'est celle de l'individu à qui toute décision échappe, ne conservant que la dérision du suffrage universel.
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