Citations sur La Pudeur dans l'Art et la Vie (19)
Quant à l'utilité de la pudeur, dit Stendhal, elle est mère de l'amour; on ne saurait plus rien lui contester. Pour le mécanisme du sentiment, rien n'est plus simple : l'âme s'occupe à avoir honte, au lieu de s'occuper à désirer ; on s'interdit les désirs et les désirs conduisent aux actions.
La convention du voile et son symbole, somme toute, équivalent aux usages conservés notamment en Angleterre, où il est considéré actuellement encore, comme très inconvenant, qu'une femme à quelque condition qu'elle appartienne, sorte dans la rue tête nue.
La Préfecture de Police parisienne n'a-t-elle pas contraint les prostituées à mettre un chapeau, afin de ne pas blesser la pudeur, lorsqu'elles déambulent sur le trottoir ?
Les dames et les filles de Rome, donc, allaient la tête couverte d'un voile tandis que les hommes étaient tête nue.
Selon Horace les dames et les filles d'honneur étaient même entièrement voilées de la tête aux pieds, et lorsqu'une dame était convaincue de « paillardise » on lui ôtait la robe d'honneur et on lui donnait des habits « à la paillarde ».
Les artistes à travers les siècles, dans la représentation des sexes, usèrent de procédés à la fois ingénieux et comiques pour satisfaire aux lois de la Pudeur, si variables selon les dispositions de la mode ou les coutumes des pays.
Leur soin naturellement, s'attacha à cacher les parties génitales ou à les défigurer !
C'est-à-dire que de naïves banderolles, volant comme par hasard, vinrent masquer à temps, les organes sexuels de tel ou tel individu; ce -furent d'imprévues draperies, des rameaux inopinés amenant le sourire.
La satisfaction du désir expliquerait davantage le secret pudique que l'inutile pudibonderie.
Quand nous disions que tout se ramène à la pudeur féminine, nous pensions plus exactement à la vertu intacte de la jeune fille, car l'attitude qui sied à la femme initiée à l'amour serait plutôt de la décence et de la modestie.
Décence parce qu'elle connaît le siège du plaisir intime, modestie car elle a l'avantage d'avoir été aimée.
Par quel miracle, mes yeux et mes oreilles épargnèrent-ils à mon âme ingénue le mauvais contact ? je ne saurais le dire, c'est le fruit simplement, de la bonne éducation hypocrite. Le mot amitié remplaça, naturellement, le mot amour dans ma pensée contrainte, j'étais naïve et pourtant, comment expliquer la rougeur qui me montait, malgré moi, au front à ce mot : amour ?
Mais pour en revenir à la Pudeur, il nous faut apprécier cette émotion à la qualité de l'émotion de l'homme, ressentie en présence du corps nu de la femme. La Pudeur naquit de cette révélation ; l'un la comprit, l'autre l'éprouva, parce que tous les deux pensaient à l'amour.
A cette pudeur du corps, succède chez la femme, la pudeur des sentiments. La voici à l'abri des baisers — un instant — taisant son alarme dans la pénombre d'une caverne où tapie à l'ombre des arbres touffus, elle dissimule ses sentiments : son amour, ses désirs, sa jalousie, ses douleurs et ses joies car, laisser voir ces sentiments ne serait-ce point s'abandonner, s'avouer vaincue ?
Toute femme sans pudeur, a écrit Jean-Jacques Rousseau, est dépravée, elle foulé aux pieds un sentiment naturel à son sexe.
La Pudeur était adorée à Rome sous les deux qualificatifs de Plébéienne et de Patricienne, deux temples avaient été exclusivement réservés aux femmes de chacune de ces classes.