Un polar? Non, bien plus que cela.
Un roman noir? Un thriller psy? Une histoire de sexe et de mort? L'archéologie d'un crime ? La thérapie d'un trauma?
Un peu tout cela....mais ce serait alors passer sous silence la part esthétique du récit, la place que
William Bayer accorde à l'art dans l'économie et la dynamique du roman ( le tissage ou le modelage avaient ce même pouvoir actif dans
Trame de sang).
Elle est centrée, ici , sur l'art du coup de crayon, sur la vérité du portrait graphique, où le talent, la technique tiennent leur puissance d'une connaissance intuitive des êtres.
Car le coup de crayon inspiré, c'est le "sel de la terre" de ce polar qui plonge dans l'archéologie d'une affaire classée: le narrateur, "portraitiste-physionomiste" pour le FBI, hanté par un crime non élucidé qui a bouleversé son enfance et sali sa famille, entreprend, des dizaines d'années après, de gratter ses plaies avec la pointe de son crayon HB.
La lumière jaillira-t-elle du sfumato?
L'écriture de
William Bayer est sismique, concentrique, obstinée, comme un portrait où hachures et traits finissent par faire émerger de l'ombre la grâce lumineuse d'un visage..
Comme l'univers qu'elle scrute, elle tente d'exhumer une vérité perdue dans les brumes du passé.
Pour la mélancolie de cette enquête rétrospective, pour les ombres qui persistent, les questions qui demeurent, j'ai très souvent pensé à True Detective -saison 1 ou 3- ce qui est, à mes yeux, plus qu' un compliment.
Décidément, les livres de
William Bayer sont une ...mine, si vous me passez ce mauvais jeu de mots!
A lire absolument !