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Critique de belcantoeu


Catalogue complet des mesquineries lors d'un divorce sanglant, souvenir pour certains, avertissement pour ceux qui seraient tentés de suivre la voie.
Louis Davernelle contre Aline Rebusteau. le premier veut se séparer de la seconde, sans profession donc sans revenus «dans une société qui sanctifie les dames fidèles à leurs éviers», pour sa maitresse, Odile Milobert, vingt ans de moins. On part pour le référé, la garde des enfants écartelés entre un père riche et une mère qui leur fait sentir que le père coupable est la source de leurs privations, la pension alimentaire, le divorce, les avoués, les juges, les huissiers, les papiers, l'inventaire, le partage des biens, les chantages, l'escalade dans les cadeaux pour attirer les enfants, le bourrage de crâne sur la voleuse de mari, la victime qui devient bourreau, un nouvel enfant avec «la nouvelle» et j'en passe. La bataille affective suit les batailles juridiques. Les avocats sifflent leur bière avec des confrères qui, dix minutes après, leur seront opposés.Tout est exacerbé. On retarde même la pendule pour faire poireauter le mari les jours de visite. Un ami du mari l'a prévenu : «Un premier bonheur n'est déjà pas gratuit, mais un second, crois-moi, est hors de prix... Ne pas divorcer de l'une, c'est perdre l'autre. Divorcer de l'une, c'est garder l'autre, mais en perdant les gosses... Ce n'est pas cette année que tu pourras changer de voiture».
Aline obtient la garde. Manipulés de part et d'autre, deux des quatre enfants ne veulent pas aller en droit de visite chez le père et les deux autres prennent leur mère en grippe, tandis que «la nouvelle» fait de son mieux dans ce rôle difficile, notamment en vacances, mais s'entend dire «Maman ne sale pas tant... Moi, j'aime mieux la mer...» avec toutes les recettes d'opposition: mutisme, bâillement, sécheresse de ton, politesse excessive, sourire à claque, retard, inertie,... de son côté, Aline hésite entre le plaisir de priver le père de sa fille et l'ennui de perdre un agent de renseignements. Quelques extraits:
«Il faudra bien qu'ils s'habituent à perdre un dimanche sur deux».
«On ne va pas le soutenir, mais avoue que tu n'as jamais su le prendre».
«Tu ne t'imagines pas, a dit la mère, l'effet produit à Chazé par ton divorce. La moitié des gens m'évitent».
«Pour garder la face (et la perdre un peu plus en croyant la sauver), n'a-t-elle pas, cette sotte d'Aline, tout toléré : que Louis s'en aille, qu'il revienne, qu'il reparte pour rentrer dans la huitaine ou dans le mois... la ruine du mythe des absences laborieuses de papa».
Avec peu de moyens, la mère doit payer un loyer pour loger quatre enfants. Chacun n'a pas sa chambre, et de dire aux enfants «Ce serait quand même trop injuste de me faire payer votre déception» et la réponse de l'une: «Ne nous fais pas non plus payer la tienne», en écho à celle de l'autre «Papa essaie de me gâter, je ne suis pas dupe». Si son père lui voulait vraiment du bien, il relèverait la pension. Il gâte les enfants chez lui, pas chez leur mère: comme si ce n'étaient pas les mêmes.
«Il sera bon de laisser longuement trainer ce jugement sur la table» pour que les enfants le lisent.
«Il arborait tranquillement un pull-over naguère tricoté par Aline. On quitte sa femme, on garde son chandail, et la laine ne vous démange même pas».
«Il y a deux sortes d'abandonnées : celles qui pardonnent et qu'on répute connes; celles qui se tracassent, et qu'on répute garce. Pour le respect de soi, mieux valait faire partie du second lot».
L'avocat au mari: «Je ne pense pas que ta nouvelle femme tienne follement aux meubles de l'ancienne. Sois coulant... Aline croira t'avoir eu. Elle signera plus facilement l'accord sous seing privé, mais la maison vendue, la soustraction faite, tu te rattraperas sur le liquide», mais Aline n'a pas la place pour ces meubles, alors viennent les brocanteurs charognards dont on se demande qui les a avertis.
«À droite, place ordinaire du mari, parce qu'ils enlacent du bras gauche afin de garder la bonne main libre».
Aline pense s'inscrire à un club de rencontre «avec l'impression d'avoir à s'inscrire à une confrérie de handicapés».
Un des enfants remet une rédaction sur le thème : «Quand vous rentre chez vous que préférez-vous retrouver». Réponse : «rien». Terrible et vrai constate l'institutrice.
Guy au père : «Si tu m'achètes un costume, du moment que ça vient de toi, elle me l'enlèvera» et la mère à Guy : «Je te donne cinq francs par semaine. Si tu as plus, ça vient de ton père qui cherche à t'acheter». Dans ce climat, Rose finit par quitte sa mère «À huit heures, nous n'avions encore rien décidé. C'est maman qui a tout déclenché en mettant le cadenas sur le téléphone» (pour l'empêcher de téléphoner à son papa).
Petit échantillon puisqu'il y a 286 pages.
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