[Extrait de la préface de François Truffaut]
[Le jeu d’Orson Welles dans Othello] Il s’agit, pour le personnage qu’il incarne, de marcher vers la caméra mais pas dans l’axe, de se déplacer comme un crabe, en regardant de l’autre côté ; le regard ne va presque jamais dans les yeux du partenaire, mais au-dessus de la tête, comme si le héros wellesien ne pouvait dialoguer qu’avec les nuages. p28-29
[ ] Tournant le dos au côté solennel à la Eisenstein ou au côté académique et guindé à la Laurence Olivier, refusant de verser dans le ‘genre noble’, OW a moins cherché à faire un chef d’œuvre qu’un film vivant. En filmant Othello comme un thriller, c’est-à-dire en le rattachant à un genre populaire, OW, me semble-t-il, s’est rapproché davantage de Shakespeare. p31
[Extrait de la préface de François Truffaut]
Orson Welles avait tourné La Dame de Shanghai pour montrer aux gens d’Hollywood qu’il était capable de faire un film normal, or il démontra le contraire, et d’abord à ses propres yeux ! [ ]
C’est ainsi que Macbeth, avec lequel il retrouve liberté, pauvreté et génie, intacts, inaugure la trilogie shakespearienne d’Orson. Personne n’a mieux parlé de ce film que Jean Cocteau : ‘Le Macbeth d’OW est d’une force sauvage et désinvolte. Coiffés de cornes et de couronnes de carton, vêtus de peaux de bêtes comme les premiers automobilistes, les héros du drame se meuvent dans les couloirs d’une sorte de métropolitain de rêve … ‘ [ ]
Dans Macbeth, le principe de l’univers clos fonctionne parfaitement ; l’humidité artificielle suite sur les bâches, [ ] la machine à faire la fumée envoie un brouillard qui diffuse et dramatise la lumière [ ]. P29