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Critique de Paola93130


Exils...

Je n'aime pas manger
...mais j' aime la nourriture, ses saveurs, ses odeurs. J'aime la bouffe. J'adore un bon petit plat, un merveilleux déssert, une rafraichissante salade. Et soyez sûrs, chers amis, qu'au Portugal, on a l'art de la bonne cuisine.

Aaah, connaissez-vous la bonne odeur de bouquet garni dansant avec les vapeurs de cochonailles dans une cuisine où mijote notre "cozido á portuguêsa" (c'est votre pot-au-feu)?
Et le parfum alléchant du plat de "bacalhau com natas" quand il sort du four (c'est un gratin de morue et pommes de terre qui ressemble vaguement à votre gratin dauphinois... mais em mieux, bien sûr.... surtout quand c'est moi qui le fait!)?
J'adore aussi quand ma belle-soeur nous concocte une "feijoada" de derrière les fagots (c'est votre cassoulet... + 5!). Je n'en fais jamais: Môssieur n'aime pas les haricots! Alors, pour pouvoir en manger, je nous "machine" un petit lapin à la moutarde roti au four et on partage en famille à rallonge, lors du déjeûner dominical qui se prolonge souvent jusqu'en milieu d'après-midi, déssert inclu...
En parlant de déssert, avez-vous déjà goûté nos fameuses "rabanadas" qui ne se dégustent pas seulement à Noël?
Bon, je m'arrête là, sinon, je vais en écrire des tartines... Miam-miam!

Mais, je n'aime pas manger, disais-je.
Je ne me contredis pas, non. Ce que je n'aime pas, c'est le temps que l'on perd à manger. Manger, l'acte en soi, est une perte de temps si ça ne s'accompagne pas d'une distraction: une conversation intérresente, par exemple. Mais pour converser, il faut être deux, pour le moins, et un sujet de conversation qui vaille la peine d'être conversé! Je déjeûne seule, toute la semaine, au boulot. Donc, je meuble en lisant. Et là, j'adore manger!! Je lis donc en mâchant, réjouissant mon estomac et assouvissant ma passion pour la lecture en même temps. Bingo!
Puisque l'heure du déjeûner est courte, j'opte toujours pour des nouvelles: un format court qui se met vite en place et qui permet de commencer une lecture avec le potage, le deroulé s'avalant avec le plat de résistence, alors que le fin mot de l'histoire s'annonce avec le déssert: une pomme, une mousse au chocolat ou un "pastel de Belém"... Je peux me permettre: je pèse 55 kilos!
Un recueil de nouvelles fait donc toujours parti de mon menu du jour. Et la dernière trouvaille à nourrir mes papilles est "Exils" qui réuni de courtes histoires, poèmes ou tranches de vie dont le fil conducteur est l'exil sous plusieurs de ses formes. Les textes sont excellents. Poétiques, même en prose. Émouvants, cela va de soi. Chaque auteur a écrit avec ses tripes, sinon avec le coeur et cela se sent. Mention spéciale pour la "monstrueuse" nouvelle de Baptiste Beaulieu: 2031 n'est pas si lointain. Palme d'or pour celle de Juilien Sandrel: elle m'a profondément touchée et touchera tout le monde, les femmes en particulier.
De nos jours, l'exil est on ne peut plus d'actualité et pour les pires raisons. C'est de ces exils là dont parle le recueil, mais pas que... Ce sont des textes souvent bouleversants, tristes, douloureux, comme seul l'exil peut en créer. Faim, froid, viols et violences, vols et exploitation, fuites éperdues sans perspectives de retour. Il n'y a pas d'exils heureux...
Vraiment...?
Mes parents se sont exilés en France en janvier 1972. Je suis née en juillet 1971. Exilée précoce, la Paola! J'avais six mois... Et de cet exil, je n'ai que les bons souvenirs d'une enfance et d'une adolescence modestes mais très heureuses qui ont fait de moi l'amoureuse des livres que je suis, par le biais de mes professeurs que je n'oublierai jamais (mais ça, c'est une longue histoire...).
Cet exil a certainement été éprouvant pour mes parents ou pour Grand-Mère Conceição qui, je ne vous apprendrai rien, ont tout quitté pour repartir à zéro loin de chez eux. Mais, jeune couple, épaulé par mamie, ils furent très bien accueillis par une France qu'ils ont quittée en laissant des amis sincères. Heureux de rentrer au pays, mais soudain tristes de quitter une terre généreuse qu'ils n'ont jamais oubliée. Que Grand-Mère Conceição a même regrettée.
Dans cet exil, qui n'a pas été tous les jours rose mais dont je ne me plaindrai jamais, je me suis construite...jusqu'à "m'exiler" de nouveau, à l'aube de mes 17 ans... au Portugal, mon pays d'origine où je suis encore connue comme "Paola...la française". Même 34 ans plus tard...
Au fait... souvent, je fredonne encore: "Je veux chanter pour ceux / Qui sont loin de chez eux..." et je remercie Mr. Michel Berger, en me demandant à quel pays appartient mon coeur, sans jamais vraiment trouver la réponse...

Merci.

P.S.: merci d'excuser les "phôte d'aurteaugrafes"... C'est le correcteur automatique...
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