AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastasia-B


Ne me demandez pas pourquoi. Je ne sais pas " pourquoi ? " ce livre plait aux enfants, mais c'est un fait constaté : il plait. J'ai beau le tourner et le retourner dans tous les sens, je le trouve moche, mal fait, succinct, assez pitoyable et pourtant, son succès ne se dément pas auprès du public ciblé.

Ceci nous invite donc à beaucoup d'humilité dans l'émission de nos avis concernant les livres jeunesse. J'en ai vu des tas que je trouve superbes, bien pensés et bien faits et que la grande majorité des enfants auxquels je les ai présentés a dédaigné.

Donc, pour chaque point, a priori, faible de l'ouvrage de mon point de vue, je vais essayer de me faire violence pour comprendre ce qui peut être séduisant pour l'enfant.

Point " faible " n°1 : les dessins sont absolument horribles, pas crédibles, pas vraisemblables avec des couleurs bien trop éclatantes pour mimer, ne serait-ce que de très loin, la réalité (en tout cas pour les animaux disparus) mais, ceci ne rebute absolument pas les enfants, au contraire, eux qui aiment beaucoup la couleur et qui seraient déçus de rencontrer des dinosaures ternes.

Point " faible " n°2 : c'est un micmac pas possible entre dinosaures (toutes périodes confondues), mammifères géants du tertiaire, premiers hominidés et hommes préhistoriques du néolithique, si bien que les enfants pourraient croire tout ce joli petit monde contemporains les uns les autres. Il est vrai qu'à l'échelle d'un enfant de 6 ou 7 ans, 10 000 ans ou 100 000 ans av. J. C., 1 million, 10 millions ou cent millions d'années avant notre ère, c'est du pareil au même. La fascination des enfants provient manifestement de " l'exotisme " de toutes ces formes disparues et non de leur positionnement à l'échelle historique.

Point " faible " n°3 : des jugements de valeur probablement très inappropriés dans un ouvrage documentaire du genre : " Certains possédaient des cornes particulièrement curieuses. ", " La vie des australopithèques n'est pas facile ! ", " Ce géant était un herbivore lent et sans danger. ", " Ils avaient des ailes mais s'en servaient très mal ", " L'oviraptor n'avait pas très bonne réputation ", etc., etc., etc. ça fourmille de phrases de ce type absolument scandaleuses et qui me font condamner sans appel, scientifiquement parlant, l'ouvrage. Mais c'est précisément ce genre de langage facile et avec une forte connotation anthropomorphique et anthropocentrique que les enfants affectionnent.

J'ai beau, à longueur d'années, leur enseigner l'emploi de termes exacts et l'abandon de leurs préjugés, tant que je n'ai pas répondu " en leurs termes ", ils ont tendance à vouloir me reposer la question encore et encore. (Par exemple, en langage " enfant ", un dauphin, c'est gentil et un requin, c'est méchant. Mieux encore, un grand dauphin, c'est gentil, un orque épaulard, c'est méchant. Ça devient même carrément subtil lorsqu'on arrive au requin-baleine, qui lui est gentil, pas comme le vilain cachalot, qui lui est méchant. Ils ont beau tous être des prédateurs marins, c'est comme ça, il faut le savoir, c'est immuable, c'est contenu dans les tables de la loi enfantine. Idem pour les chiens et les loups, les chouettes et les aigles, etc.)

Il y aurait encore bien d'autres " points faibles " à mentionner, mais vous avez compris le message. À mes yeux ce livre est une nullité absolue mais les enfants en raffolent. Alors qu'est-ce qui est le mieux ? Un bon livre que les enfants ne regardent pas ou un mauvais où ils ont une chance — même infime — de découvrir une information véritable ? That is the question. À vous de la trancher. Souvenez-vous toutefois que ce que j'exprime ici n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose à l'échelle des temps géologiques.
Commenter  J’apprécie          5415



Ont apprécié cette critique (51)voir plus




{* *}