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Critique de marguerite18


Ce long roman restitue le milieu des intellectuels de gauche français de l'après-guerre du point de vue d'Anne, la quarantaine, psychanalyste, mariée à Robert Dubreuilh, écrivain de vingt ans son aîné, fondateur du mouvement politique S.R.L et d'Henri, écrivain aussi, qui dirige le journal L'espoir. Ce petit monde s'interroge sur le sens de son engagement et la voie à suivre au sortir de la résistance. Ils cherchent à créer un rassemblement de gauche non-communiste qui se dénommerait - quelle ironie ! - le front national. L'auteur évoque la difficulté du mouvement et du journal à survivre, à récolter des fonds sans compromettre cette délicate ligne médiane. Robert et Henri apprennent l'existence des bagnes constitués par les camps de travail en URSS. Faut-il la révéler au risque de discréditer ce pays et de faire le jeu de la droite et du gaullisme ? La réponse à apporter à cette question brisera pour un temps l'amitié qui unit ces deux protagonistes. Etre remués par de grandes interrogations existentielles ne les empêche pas de faire parfois preuve à titre privé d'une immoralité assez tranquille. C'est ainsi qu'Henri n'hésite guère à faire un faux témoignage pour sauver un collaborateur nazi afin d'éviter à sa maîtresse du moment, qui s'est compromise au temps de l'occupation de voir son passé révélé, ce qui la mènerait à "ouvrir le gaz" par désespoir. Autour du couple Dubreuilh et d'Henri gravitent la fille des premiers Nadine, jeune femme déboussolée après la perte d'un amoureux durant la guerre et plutôt difficile à vivre, Paule, qui ne veut pas s'avouer que la grande passion l'unissant à Henri n'est plus partagée et sombrera passagèrement dans la folie, ainsi que nombre d'autres seconds rôles à la recherche de leur voie professionnelle et personnelle.
La partie la plus touchante du roman est celle relatant les amours d'Anne et de son amant américain Lewis. C'est elle qui revêt le plus d'intensité et d'émotion. Quel sens peut avoir une histoire d'amour vécue par intermittences entre des amants que les océans séparent ? Anne est profondément éprise de Lewis mais elle ne lui sacrifiera pas sa vie en France.
Certes, l'auteur n'est pas une grande styliste, mais elle a un indéniable sens du dialogue. Si elle sait peindre de manière très vivante le milieu qui est le sien, elle peine à imaginer ce qu'elle ne connaît pas. Ainsi, la profession de psychanalyste de la principale narratrice n'apparaît guère crédible.
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