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Critique de PatriceG


Septembre 1888
Ilia Répine fait ses beaux-arts à Pétersbourg ; de sa chambre d'étudiant, quand il voit une belle jeune fille passer, il ne prend pas ses jumelles, il prend ses pinceaux .. C'est un beau jeune homme romantique, un peu comme Alphonse Daudet si l'on veut se faire une idée. Son maître c'est Kramskoï, Ivan Kramskoï, qui a déjà un nom en Russie. le ton est donné : l'enseignement académique ce n'est pas son truc, il peint des portraits, des scènes de genre, la facture est réaliste, voire symboliste et va devenir le grand peintre que la Russie attendait certainement, car à part les peintres d'icônes dont Matisse disait aux étudiants russes, qu'au moins ils avaient cette chance de pouvoir faire leurs gammes à partir de ces trésors russes... On n'aurait pas tout dit dans ces quelques lignes si on ne disait pas qu'un trait d'union unissait Kramskoï et Répine, c'est Tolstoï. En effet c'est encore ce que les deux peintres russes ont fait de mieux en portraiturant le génial écrivain qui leur ressemblait dans le fond. Ce n'est pas sans une certaine émotion qu'on voit associés les trois noms à la galerie Trétiakov de Moscou.

Ne voilà-t-il pas qu'en septembre 1888, ilia Répine se retrouve à Iasnaïä Poliana pour un long séjour d'été, chez Tolstoï, son grand ami qu'il admire. Les hommes se connaissent depuis une dizaine d'années, leur amitié est allée crescendo. On sait que pour être bien reçu à Iasnaïa Poliana, il faut avoir les faveurs de la comtesse Sophie. Il ne suffit pas que les murs de la maisonnée résonnent sous l'effet de la forte personnalité, parfois ombrageuse, du Maître des lieux. Cet hôte de marque va mettre tout le monde d'accord. Sophie prend cela comme une bénédiction. Même les rossignols sont plus gais qu'à l'accoutumée : ils dansent de branche en branche dans le grand tilleul qui borde la grande maison . Alléluia ! Il fallait ça

En effet depuis quelques années déjà le couple célèbre tanguait, ils étaient l'un et l'autre à cran dirons-nous après une période de 20 ans de bonheur absolu qui a vu éclore les monuments de la littérature universelle que l'on sait. Bon, je ne vais pas en rajouter une louche à cet égard quand mon but est de réduire toutes les conneries qu'on a pu raconter là dessus, mais moi je ne suis qu'une goutte dans l'océan : c'est Ilia Répine qui va me donner l'occasion de témoigner ce que je ne saurais dire avec la même véracité puisqu'il était aux premières loges et qu'on ne vienne surtout pas m'objecter que la version Répine était partiale, je sais qu'il n'aurait pas prodigué tant de dévotion à l'égard du comte comme il dit s'il ne le pensait pas, d'abord parce qu'il était sincère et digne et deuxio Tolstoï je sais n'aurait pas supporté la moindre sensiblerie et la moindre affectation à son égard :

"Il se consacre à sa tâche littéraire jusqu'à 3 heures et plus, après quoi il va travailler dans les champs s'il a quelque chose à y faire. Ce n'est pas toujours le cas, car le comte ne travaille que pour les pauvres, les faibles, les veuves et les orphelins. S'il n'y a rien à faire aux champs, Lev Nikolaïevitch prend un panier et s'en va en forêt ramasser des champignons, ce qui lui permet de passer quelques heures seul avec la nature et avec lui-même.
Il arrive qu'il consacre ce temps entre trois et six heures à un hôte de passage. Des personnes de connaissance ou totalement inconnues viennent parfois exprès de régions très lointaines de Russie ou de pays étrangers pour lui poser les questions les plus diverses sur la vie.
(.......................)
Lev Nikolaïevitch revient vers six heures et retrouve pour le repas sa nombreuse famille qui comprend 10 enfants de tous âges, depuis son fils aîné de 26 ans à un nourrisson de deux mois. Il faut y ajouter les invités, les camarades des fils, les cousines et les amies des filles, les précepteurs, les gouvernantes et parfois des amis du comte et de la comtesse venus leur rendre visite. Une immense table traverse toute la salle blanche de la vieille demeure familiale aux murs couverts de portraits d'ancêtres, qui résonne durant le repas des conversations joyeuses et bruyantes de tous les âges sur les sujets les plus divers..

Après le repas, Lev Nikolaïevitch trie et lit le volumineux courrier qui vient de lui être apporté de Toula : des lettres, des revues, des brochures et diverses correspondances en provenance du monde entier. Il est aidé en cela par sa fille aînée Tatiana, qui souvent aussi rédige les réponses selon les instructions de son père.."

Vers 9H du soir, c'est le thé dans la grande salle pour toute la famille moins les enfants, ce sont les lectures d'oeuvres littéraires, le chant, de la musique au grand piano noir, un grand musicien de Moscou y joue par exemple, accompagné du professeur de musique des enfants. Des danses tsiganes ponctuent aussi ces divertissements. A minuit, tout le monde va se coucher !..
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