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Critique de clude_stas


Parmi les femmes artistes, Berthe Morisot occupe une position particulière. Elle est parvenue à être peintre dans une société où les conventions n'incitaient nullement les femmes à embrasser une carrière artistique. En effet, elle est une des rares à la fin du XIXe siècle à avoir également réussi à assumer son rôle de mère et d'épouse.
Née à Bourges en 1841, dans une famille aisée et cultivée, Berthe Morisot reçoit l'éducation destinée aux jeunes filles de l'époque. Entre les leçons de piano et de broderie, un peu de dessin, voire d'aquarelle. Mais très vite, la vocation se déclare : elle sera peintre. A dix-sept ans, en compagnie de sa soeur Edma, elle copie certaines oeuvres du Louvre. Pendant l'été 1861, à Ville-d'Avray, elles peignent en plein air avec Camille Corot. En 1863, elles rencontrent Charles-François Daubigny à Auvers. L'année suivante, elles exposent au Salon. En 1864, elles investissent leur propre atelier dans le jardin familial de le rue Franklin. Edma se marie et s'en va en province. Berthe peint sans répit, voyage en Normandie et en Bretagne et rencontre Edouard Manet grâce à Henri Fantin-Latour. En 1868, elle pose pour le célèbre « Balcon » (Musée d'Orsay).
Mais la rencontre décisive se fait au lendemain de la Commune. le marchand d'art Paul Durand-Ruel lui achète quatre tableaux à la lumière claire, présentant des motifs saisis sur le vif. En 1874, au risque de se couper de ses premiers admirateurs, elle participe au Salon organisé par Claude Monet et les impressionnistes. Deux années plus tard, elle épouse le frère de Manet, Eugène, peintre lui aussi. Celui meurt brutalement en avril 1892 ; c'est l'année du succès avec une importante exposition avec la publication d'un catalogue préfacé par Gustave Geffroy. Deux années plus tard, le poète Stéphane Mallarmé intervient pour que l'Etat acquière une de ses toiles pour le musée du Luxembourg. C'est la consécration ! En 1895, elle meurt ayant contracté la maladie de sa fille.
En 2002, le Palais des Beaux-Arts lui rend hommage avec une importante rétrospective de son oeuvre, avec un succès de foule évident. Berthe Morisot est, avec Mary Cassatt, la seule femme du groupe impressionniste. Et elle a depuis pâti de la notoriété de ses collègues masculins, de Claude Monet à Auguste Renoir. Aujourd'hui encore, elle n'est bien souvent associée qu'au seul « Berceau » du Musée d'Orsay (tableau exceptionnel au demeurant). Quelques paysages, des portraits intimes, des promenades, des jeux d'enfants, des scènes quotidiennes sont autant de tranches de vie. Ici, des fillettes cueillent des cerises. Là, elle fait le portrait d'une jeune fille au bal. Là encore, elle brosse sur le papier avec rapidité le port de Nice. Sans oublier cet autoportrait de 1885, devant son chevalet et la palette à la main. Et le regard nettement déterminé vers le spectateur.
Sa technique est d'une extrême fluidité de touche, comme si le pinceau s'était fait léger, effleurant la toile. Et la plupart de ses tableaux sont l'expression même de la simplicité de la vie, avec une spontanéité rafraîchissante. Mais est-ce de l'impressionnisme féminin ? Non, plutôt de l'impressionnisme au féminin. La technique, moins emphatique que celle de Monet, ne procède jamais d'un excès de sentimentalisme. Mais cela reste de l'impressionnisme, avec sa touche fragmentée, pas tellement différente de celle de Camille Pissarro ou de Gustave Caillebotte. Ce sont les thèmes des oeuvres qui prouvent la sensibilité de la peintre pour le monde de l'enfance, pour les instants fugaces de la vie bourgeoise de la fin du XIXe siècle, pour l'intimité de la vie d'une femme. Un catalogue parfait, presque complet, avec un importante bibliographie. Chaque oeuvre exposée jouit d'une notice très complète.
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