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Critique de Krissie78


Théâtre de l'absurde ou théâtre du désenchantement ?

Dans "Fin de partie" tout est dit depuis le début : "Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir." Il ne se passe rien, en apparence. Chaque jour un éternel recommencement pour ces 4 là. Avec les mêmes blagues, les mêmes questions, les mêmes provocations, les mêmes joutes verbales, les mêmes réponses.

"Fin de partie" c'est la fin de cette bataille continue entre Hamm, aveugle infirme en fauteuil roulant et Clov, son domestique, peut-être son fils adoptif, pas en très bonne santé non plus. Est-ce leur manière de s'aimer et de se le dire que cet échange acerbe et sarcastique ? Car il est sans arrêt question que Clov quitte Hamm un jour, bien que leur relation soit une symbiose qui les maintient en vie dans ce néant qui les entoure.

Pour contrebalancer cette relation à la limite de la haine, il y a les apparitions de Nell et Nagg, les parents de Hamm. Enfermés chacun dans une poubelle, suffisamment proches pour se parler, suffisamment loin pour ne pouvoir s'embrasser, leurs échanges sont des petits mots d'amour, des souvenirs d'une passion, des petites bouffées de douceur. Mais de douceur pathétique. Ils servent d'auditoire à Hamm et son récit (autobiographique ?).

Dans ce Huis clos sombre chacun semble figé à sa place. Seul Clov peut se déplacer. La seule question est : les quittera-t-il ?

Beckett donne une vision sombre du monde et de l'humanité. Ce texte est une descente continue dans la déshumanisation, autour de 4 personnages qui dépérissent comme le monde dans lequel ils vivent. Et comme toujours chez Beckett c'est le langage qui fait le lien entre les êtres. Mais même les mots semblent se désagréger, perdre leur force, leur capacité à exprimer et à décrire, avec force pauses et hésitations. le lieu même dans lequel vivent ces 4 personnages traduit l'enfermement qui est omniprésent : enfermement de cette communauté recluse (pour une raison que l'on ignore, mais les mentions de l'extérieur ne sont pas encourageantes), enfermement de ces êtres dans leur corps malade, enfermement des esprits.

Je suis toujours impressionnée par les didascalies dans les textes de Beckett, et par l'injonction faite au metteur en scène de les respecter scrupuleusement. Mais ces consignes de mise en scène font tellement partie de l'esprit de l'auteur que je ne peux désormais imaginer ses textes de théâtre sans elles.
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