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Critique de LauBlue


Guylaine est moche. Entendons-nous bien. Moche selon les critères de notre société. Et cette constatation entendue dans la bouche de gamins va longtemps complexer l'enfant puis la jeune fille et la femme qu'elle deviendra. Tantôt révoltée, tantôt déprimée d'avoir le statut de celle sur qui les hommes ne se retournent pas, elle va construire son existence à l'intérieur de ce constat.

C'est une histoire de regards. de ceux qui blessent, qui régissent la vie avec le poids permanent de ne jamais entrer dans les critères de beauté. Il n'est pourtant nul état de jugement dans ce roman graphique, mais du constat implacable de la « norme » comme référence qui heurte et fait souffrir. Il faudra toute une vie à Guylaine pour sortir de la spirale du jugement et aller vers l'acceptation de soi.

La progression de la réflexion est fine, parfois dérangeante sans doute parce qu'elle renvoie aussi à nos propres jugements, à nos propres douleurs. Parce que ne nous leurrons pas, le regard de l'autre est rarement complaisant, il blesse plus facilement qu'il n'élève. Pour Guylaine qui s'enracine dans l'idée de sa mocheté, la vie est pesante, rarement satisfaisante, peuplée d'amertume, de chagrin et d'isolement. Son désir d'être celle sur qui on se retourne, omniprésent, marque la plus grande partie de sa vie.

Beaucoup d'entre nous peuvent se retrouver dans cette histoire et lorsque je dis « nous », je ne parle pas exclusivement des femmes parce que je trouve que la résonance s'applique aussi aux hommes, n'en déplaise à la quatrième de couverture qui définit le récit comme « résolument féministe ».

Ce roman graphique mis en scène par François Bégaudeau est de ceux dont on retient longtemps l'histoire. Ouverte à la réflexion, profondément humaine, elle porte le poids de ceux qui supportent les blessures dans une ambiance qui retrace, au passage, le reflet d'une génération. Elle ouvre surtout sur un bel épanouissent final et sous le pinceau de Cécile Guillard, le lavis monochrome, véritable perle visuelle, ajoute une dimension intimiste au récit.

Ce roman graphique a été lu dans le cadre d'une masse critique. Je remercie Babelio et les éditions Marabulle pour la belle découverte.
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