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Critique de Zoeprendlaplume


XXIIe siècle, une Terre dévastée, à bout de ressources, notamment l'eau. Partout sur la planète, des conflits humains éclatent. Les populations se battent pour une gorgée d'eau ou un lopin de terre. Souvent les belligérants ne se souviennent même plus des origines du conflit.

Le roman est divisé en trois parties. La structure est le point fort de ce roman et sa plus grande qualité selon moi, car particulièrement bien exécutée et porteuse de sens. Ces trois parties grandissent en taille et vont crescendo. Trois parties pour autant d'endroits parcourus et de personnages, qui tentent de construire la paix à leur échelle. On passe ainsi dans le roman d'un cadre très resserré (le rivage, avec des points de vue bornés et une incompréhension totale), à un élargissement de la vision jusqu'au dépassement des logiques terriennes. Ce dézoomage particulièrement efficace permet de réduire à rien du tout la portée de conflits quotidiens, de les relativiser.

J'ai trouvé cette construction maligne et remarquablement exécutée. En revanche, je suis un peu plus mitigée en ce qui concerne le coeur du propos.
D'abord parce que je l'ai trouvé assez didactique. J'ai eu une impression d'échanges très artificiels, peu vraisemblables, comme une discussion philosophique. Ca m'a un peu fait penser au Monde en Julia dans l'idée mais cela n'en a pas le corps ni la solidité. Certains dialogues m'ont paru tellement faciles… et certains conflits tout aussi faciles dans leur dénouement. Je comprends l'idée sous-jacente : la plupart des différends ont une origine dérisoire et peuvent se résoudre très vite.
Mais… je n'y crois pas. Je n'ai jamais été convaincue par ces méthodes utilisées seules. Suis-je défaitiste ? Peut-être… Si je salue le point de vue de l'autrice et ce qu'elle a tenté dans son roman, je n'y ai cependant pas été totalement réceptive. Je trouve davantage de réalisme et de vraisemblance dans les dystopies que dans les utopies, dont je ne suis pas convaincue qu'elles peuvent fonctionner.
Alors certes, c'est toujours plaisant de lire ces textes dits de SF positive de temps à autre, pour justement voir les choses autrement et se donner un petit shoot d'espoir. Mais je lis ces textes comme cela : un shoot, un mirage, qui fait du bien sur le coup, une parenthèse de rêve, avant le retour à la réalité. C'est davantage ici une question de regard sur le monde qui se dégage.

Je regrette par ailleurs la mauvaise habitude des éditeurs à comparer leurs auteurices à d'autres plus tendance. Tactique marketing, je le sais bien et je comprends l'idée, vraiment. Mais je trouve ça très moyen. Parce que ça crée des attentes qui ne sont pas totalement remplies. Becky Chambers c'est un style et des thématiques bien particulières. Pour moi, le premier jour de paix n'a rien de chambersien. Et franchement, tant mieux. Déjà parce que je ne suis pas une inconditionnelle de Becky Chambers (ça a une logique avec ce que je raconte plus haut). Mais aussi parce que je trouve le texte d'Elisa Beiram est original et unique, il mérite donc d'être traité en tant que tel et non pas placé sous l'ombre déformée de l'oeuvre d'une autre.
En revanche, ce que j'aime chez Chambers ce sont ses personnages transhumanistes et leurs relations complexes et passionnantes qui se mettent en place. Si le premier jour de paix offre à la fin du roman des personnages différents et extraterrestres, on ne rentre jamais vraiment dans les détails. J'aurais aimé en savoir plus sur ces corps, sexualités, façons de penser et moeurs différentes.Il y a des dialogues par exemple très savoureux. Mais tout ceci n'est pas suffisamment développé; cela a titillé ma curiosité, qui n'a pas été entièrement satisfaite. Mais ce n'est pas le propos ici et certainement que le développer davantage aurait noyé le message central du texte.
Message qui manque malgré tout de force percutante, à mon goût. Peut-être du fait de l'aspect très didactique et creux des échanges, dans un cadre qui se veut réaliste. Peut-être aussi parce que le final, s'il est logique et n'aurait pas pu être différent, ne m'a pas surprise. Il est cohérent avec le reste, mais je m'attendais à quelque chose de plus « bousculant », surtout après la très bonne troisième partie. Mais c'est peut-être ce qui fait que je suis moins fan de SF positive : ça ne me bouscule pas.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/e..
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