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Citations sur Les Antiquités de Rome - Les Regrets (45)

I
(Le songe...)


C'était alors que le présent des Dieux
Plus doucement s'écroule aux yeux de l'homme,
Faisant noyer dedans l'oubli du somme
Tout le souci du jour laborieux,
Quand un Démon apparut à mes yeux
Dessus le bord du grand fleuve de Rome,
Qui m'appelant du nom dont je me nomme,
Me commanda regarder vers les cieux ;
Puis m'écria , Vois (dit-il) et contemple
Tout ce qui est compris sous ce grand temple,
Vois comme tout n'est rien que vanité
Les connaissant la mondaine inconstance
Puisque Dieu seul ai temps fait résistance,
N'espère rien qu'en la divinité.
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(Les Regrets)

XXXI

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine
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LES REGRETS (XXXIX)


J'aime la liberté, et languis en service,
Je n'aime point la cour, et me faut courtiser,
Je n'aime la feintise, et me faut déguiser,
J'aime simplicité, et n'apprends que malice;

Je n'adore les biens, et sers à l'avarice,
Je n'aime les honneurs, et me les faut priser,
Je veux garder ma foi, et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que vice;

Je cherche le repos, et trouver ne le puis,
J'embrasse le plaisir, et n'éprouve qu'ennuis,
Je n'aime à discourir, en raison je me fonde;

J'ai le corps maladif, et me faut voyager,
Je suis né pour la Muse, on me fait ménager;
Ne suis-je pas, Morel, le plus chétif du monde ?
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Au Roi

Ne vous pouvant donner ces ouvrages antiques
Pour votre Saint-Germain ou pour Fontainebleau,
Je vous les donne, Sire, en ce petit tableau
Peint, le mieux que j’ai pu, de couleurs poétiques :

Qui mis sous votre nom devant les yeux publiques,
Si vous le daignez voir en son jour le plus beau,
Se pourra bien vanter d’avoir hors du tombeau
Tiré des vieux Romains les poudreuses reliques.

Que vous puissent les dieux un jour donner tant d’heur,
De rebâtir en France une telle grandeur
Que je la voudrais bien peindre en votre langage :

Et peut-être qu’alors votre grand Majesté,
Repensant à mes vers, dirait qu’ils ont été
De votre monarchie un bienheureux présage.

(Les Antiquités)
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Si je n’ai plus la faveur de la Muse,
Et si mes vers se trouvent imparfaits,
Le lieu, le temps, l’âge où je les ai faits,
Et mes ennuis leur serviront d’excuse.

J’étais à Rome au milieu de la guerre,
Sortant déjà de l’âge plus dispos,
À mes travaux cherchant quelque repos,
Non pour louange ou pour faveur acquerre.

Ainsi voit-on celui qui sur la plaine
Pique le bœuf ou travaille au rempart
Se réjouir, et d’un vers fait sans art
S’évertuer au travail de sa peine.

Celui aussi, qui dessus la galère
Fait écumer les flots à l’environ,
Ses tristes chants accorde à l’aviron,
Pour éprouver la rame plus légère.

On dit qu’Achille, en remâchant son ire,
De tels plaisirs soulait s’entretenir,
Pour adoucir le triste souvenir
De sa maîtresse, aux fredons de sa lyre.

Ainsi flattait le regret de la sienne
Perdue, hélas, pour la seconde fois,
Cil qui jadis aux rochers et aux bois
Faisait ouïr sa harpe thracienne.
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Et peut-être que tel se pense bien habile,
Qui trouvant de mes vers la rime si facile,
En vain travaillera, me voulant imiter.


Les regrets: ( II)
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(Les Regrets)

I

Je ne veulx point fouiller au seing de la nature,
Je ne veulx point chercher l'esprit de l'univers,
Je ne veulx point sonder les abysmes couvers,
Ny desseigner du ciel la belle architecture.

Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,
Et si hauts argumens ne recherche à mes vers,
Mais suivant de ce lieu les accidents divers
Soit- de bien, soit de mal, j'escris à l'adventure.

Je me plains à mes vers, si j'ay quelque regret,
Je me ris avec eulx, je leur dy mon secret,
Comme estans de mon coeur les plus seurs secretaires.

Aussi ne veulx-je tant les pigner & friser,
Et de plus braves noms ne les veulx deguiser,
Que de papiers journaulx, ou bien de commentaires.
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LXXIX

Je n’escris point d’amour, n’estant point amoureux,
Je n’escris de beauté, n’ayant belle maistresse,
Je n’escris de douceur, n’esprouvant que rudesse,
Je n’escris de plaisir, me trouvant douloureux :

Je n’escris de bon heur, me trouvant malheureux,
Je n’escris de faveur, ne voyant ma Princesse,
Je n’escris de thresors, n’ayant point de richesse,
Je n’escris de santé, me sentant langoureux :

Je n’escris de la court, estant loin de mon Prince,
Je n’escris de la France, en estrange province,
Je n’escris de l’honneur, n’en voyant point ici :

Je n’escris d’amitié, ne trouvant que feintise,
Je n’escris de vertu, n’en trouvant point aussi,
Je n’escris de sçavoir, entre les gens d’Église.
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(Les Regrets)

IX

France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.

Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.

Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.

Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
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(Les Regrets)

IV

Je ne veulx feuilleter les exemplaires Grecs,
Je ne veulx retracer les beaux traicts d'un Horace,
Et moins veulx-je imiter d'un Petrarque la grace,
Ou la voix d'un Ronsard, pour chanter mes regrets.

Ceulx qui sont de Phoebus vrais poëtes sacrez,
Animeront leurs vers d'une plus grand' audace :
Moy, qui suis agité d'une fureur plus basse,
Je n'entre si avant en si profonds secretz.

Je me contenteray de simplement escrire
Ce que la passion seulement me fait dire,
Sans rechercher ailleurs plus graves arguments.

Aussi n'ay-je entrepris d'imiter en ce livre
Ceulx qui par leurs escripts se vantent de revivre,
Et se tirer tous vifs dehors des monuments.
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