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Critique de svecs


Antoine Bello imagine un produit financier très particulier: les assurances-vies.
Selon un art de la Cour Suprême, l'assurance-vie est considérée comme un produit d'épargne comme un autre. Libre au souscripteur de la monétiser comme bon lui semble. Dans les années 80, lorsque le SIDA explosait, de nombreux séropositifs ont revendus leur assurance-vie afin de pouvoir se soigner. Si vous étiez assuré pour, disons 500.000 $, vous revendiez votre police pour 100.000$ et l'acheteur n'avait plus qu'à payer les cotisations jusqu'à la mort du souscripteur original. Un séropositif dans les années 80 ne faisait pas de vieux os. Un investissement de 100.000$ et quelques mois, au pire quelques années, de cotisation et vous recoltiez le pactole: 500.000$. Un rendement jamais vu.
Depuis, cette pratique est rentrée dans les moeurs, loin de toute considération éthique. Des courtiers poussent des gens à s'assurer pour la vie, avant de racheter les polices lorsque l'espérance de vie est faible. Des gens mentent sur leur état de santé réelle et leur patrimoine pour contracter des assurances les plus élevées possibles et les revendre plus cher. Les assureurs tentent par tous les moyens de ne pas verser les indemnités.
Spéculer sur la vie, la valeur ultime.
Remboursez quand vous êtes morts.
Le journaliste Vlad Eisinger se lance dans une série d'articles disséquant cette pratique. Pour illustrer son propos, il s'est intéressé à Destin terrace, un lotissement privilégié qui concentre toutes les composantes de ce petit commerce; assureurs, courtiers, propriétaired'un fond spéculatif d'assurance-vie, expert en estimation de longévité, simples quidams désireux de profiter de cet actif si longtemps negligé: leur mort.
Il s'avère que l'un de ces amis de longue date, mais perdu de vue, vit lui-même à Destin terrace. Entre les deux, une correspondance s'installe.
Excellente surprise que ce roman jubilatoire. je dois avouer que pendant quelques pages, j'y ai presque cru. Une telle entreprise est presque trop cynique pour être imaginaire. Mais il s'agit bien de fiction. A travers le life settlment et Dustin Terrace, Antoine Bello dresse un portrait féroce de la société actuelle et de la manière dont la finance l'influence. J'oserais même parler de perversion.
Mais le livre se se limite pas cette satire.
Il est construit selon un schéma rigoureux. Groupé par semaine, chaque section s'ouvre sur l'article hebdomadaire de la série écrite par Vlad. Suit une alternance d'emails échangés par Vlad et son ami Dave, ainsi que de longs extraits du journal de Dave, qui observe les conséquences des révélations distilléespar Vlad sur le microcosme de Destin terrace.
Très vite, Dave et Vlad se déchiré. Tous deux partageaient cette ambition de devenir écrivain. Vlad se sera finalement dirigé vers le journalisme, alors que Dave vivote, plubliant des romans au succès confidentiel. Ils s'accrochent sur leur approche de l'écriture, sur le moteur de la littérature, sur l'ambtion de Vlad d'écrire ce "grand roman américain".
Le résultat est un livre très malin, jouissif et intrigant et qui réserve encore quelques surprises.
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