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Critique de TerrainsVagues


Il y a des livres qui nous touchent parce qu'ils nous parlent, parce qu'ils nous laissent l'impression de nous donner la parole, le sentiment de dire ce que nous avons toujours eu envie de dire sans savoir l'exprimer.
Il y a des livres qui nous touchent parce qu'ils font ressurgir des souvenirs, bons ou moins bons.
Il y a des livres qui nous touchent parce que le style de l'écriture répond à nos attentes.
Il y a des livres qui nous touchent pour autant de raisons qu'il existe de livres.
La punition de Tahar Ben Jelloun m'a touché principalement pour les trois raisons citées plus haut.
Le fond du sujet, les souvenirs et l'écriture de Ben Jelloun.

La liberté de parole et de pensée au Maroc au milieu des années 60, et nous voila partis pour un conte défait ou un compte de faits sous le règne merveilleux d'Hassan II.
Tahar Ben Jelloun aura mit cinquante ans pour se libérer en témoignant à travers ce livre, d'un pan d'histoire ayant mené au premier coup d'état militaire contre le roi du Maroc le 10 juillet 1971.
La punition est celle subie par l'auteur et 93 autres jeunes ayant participés à une manifestation étudiante. Manifestation pacifique réprimée dans le sang par une armée aux pleins pouvoirs pour rétablir « l'ordre ». Ils vont être contraints à un service militaire très particulier. Un service qui ne sera dans un premier temps qu'un prétexte pour faire un exemple avant que les psychopathes chargés de les « rééduquer » n'essayent de les utiliser à des fins politiques.

Touché aussi à cause de souvenirs qui, s'ils n'ont pas duré 19 mois comme la punition, m'ont replongé dans l'absurdité qu'était l'armée des appelés (c'est con c'cri). Ce temps où l'on faisait baisser le chiffre du chômage en enlevant les jeunes pendant un temps donné (un an pour ce qui me con cerne, et j'étais vraiment cerné…)
Touché parce qu'en moins pire, c'était un endroit où là encore, quelques psychopathes plus que zélés avaient carte blanche pour inculquer à la jeunesse tout le contraire de ce que la plupart des parents avaient essayé d'apprendre à leurs fils. Surtout ne pas réfléchir, abandonner son libre arbitre, se complaire dans la saleté morale, physique, psychologique, baisser la tête, obéir bêtement, remercier après les tentatives d'humiliation, devenir une chose, leur chose.
C'est comme ça con devient un homme. Ca donnait envie.
Comme si le fait d'avoir été victime d'une sorte de tentative de lavage de cerveau (ou plutôt serf veau parce que pour le cerveau tous les sérial connards de sergents n'étaient pas équipés…) préparait à un futur conflit au cas où. Genre, c'est comme le vélo ça ne s'oublie pas, bref…
Souvenirs d'un camp semi disciplinaire à Montlhéry (me demandez pas pourquoi, j'ai jamais su) qui restent softs comparés à « la punition », il reste que certaines similitudes m'ont rendues quelques pages compliquées.

Touché aussi parce que je crois que Tahar Ben Jelloun pourrait écrire un article dans le chasseur français, dans auto plus ou mode et travaux, il arriverait à m'intéresser, à me captiver, à me toucher. Ca ne s'explique pas, c'est comme ça.
Ce livre n'est pas anti militariste, il n'est que le témoignage de faits, pas une charge contre l'armée dans son ensemble.
Une armée de métier oui, c'est comme la police, on en a malheureusement besoin et souvent bien heureux qu'ils soient là mais d'un autre coté comme disait Coluche :
Les gardiens de la paix au lieu de nous la garder ils feraient mieux de nous la foutre.
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