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Critique de jg69


" Tant que les mères marchent auprès de nous, nous n'avons pas à nous soucier de la route. Nous marchons dans l'innocence de notre propre pas. Toi, cette innocence, tu l'as perdue très tôt. C'est peut-être cela, un destin. "

Il y a trois personnages dans ce roman :

Un enfant qui, depuis que sa mère est partie, éprouve le besoin de s'enfuir dans la forêt accompagné d'un chien que personne ne voit, qui n'est là que pour lui. Il va là où sa mère l'amenait, là où il la revoit danser pieds nus, là où il se souvient du tournoiement de sa robe rouge.
Il fuit tout ce qui est trop lourd chez lui, qui l'empêche de vivre et, dans cette forêt où il est en parfaite communion avec la nature et ses bruits, il chante pour se libérer des cris et des silences qui l'entourent dans sa maison, pour fuir ce monde où il ne trouve pas sa place.

Le père, menuisier du village, qui s'étourdit entre son travail et l'alcool au café du village depuis le départ de sa femme, partie en lui laissant juste un dessin.
Il revit la rencontre avec cette femme qu'il n'a pas su garder, une femme du voyage, une vagabonde qui lui a lu un jour les lignes de la main sur un marché. C'était la première fois qu'il était touché par une main de femme depuis la mort de sa fiancée. Submergé par le désir, il l'a ramenée chez lui. "Il ne l'avait pas choisie. Juste voulue."
Mais leur vie sera ponctuée des cris du père que les mots venus d'ailleurs de la mère rendent fou. La mère, quant à elle, se refugie dans le silence et la tristesse. "Tu es né comme ça. Arraché aux cris de ton père et au silence de ta mère. Tu as appris dans le ventre de ta mère la violence de vivre."
Maintenant il survit entre une fiancée morte et la mère de son enfant disparue.

La grand-mère qui fait le tour des fermes avoisinantes pour s'approvisionner, qui observe, elle qui n'aimait pas cette femme, cette étrangère que son fils avait ramenée à la maison.

"On ne sait jamais comment alléger la tristesse des mères qui disparaissent.
La tristesse, elle, ne disparait pas."

Ce récit est une sorte de conte ou de rêverie qui parle de l'absence, du manque, de la liberté, de la peur qui empêche de vivre...
Un narrateur non identifié mais qui s'avère à la fin être une narratrice s'adresse à l'enfant avec un "tu" protecteur, il fait de très brèves apparitions au côté de l'enfant "Je me rassure de la présence du chien près de toi"
J'ai adoré retrouver l'écriture de Jeanne Benameur, envoûtante, poétique, délicate qui crée une atmosphère fascinante. J'ai eu envie de surligner des phrases presque à chaque page. En seulement 128 pages très denses Jeanne Benameur nous livre un texte bouleversant.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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