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Critique de AnneMarieLA


Un enfant qui se plaît à errer dans la forêt là où sa mère a peut-être disparu, son père menuisier hanté par le souvenir des étreintes avec sa femme et qui noie son chagrin dans le travail et dans l'alcool, une grand mère qui s'est toujours méfiée de sa bru : trois personnages dont la vie est brisée par la fuite de la mère : une Rom diseuse de bonne aventure entrée brusquement dans leur vie et disparue un jour sans explication.

Un roman ? Plutôt un conte onirique où s'abolissent les frontières entre réel et imaginaire.

Dans une sorte de mélopée incantatoire adressée à l'enfant, Jeanne Benameur l'accompagne dans le parcours où il oublie le quotidien « ton oreille, lavée de toutes les paroles, perçoit les frôlements, les bruissements furtifs, les glissements d'ombre." Elle l'imagine hanté par quelques images-souvenirs d'un paradis perdu « Elle tournoyait. Ta mère tournoie toujours derrière tes paupières », arpentant inlassablement un univers végétal à la recherche d' hypothétiques traces, avec pour seule compagnie celle d'un chien inconnu, et découvrant comme dans un rêve une maison abandonnée « en sommeil, rongée par le temps » présentant les vestiges d'une vie familiale.

Dans cette prose poétique fluide et envoûtante, pleine d'empathie, Jeanne Benameur suit le parcours de l'enfant, le réconforte « tant que les mères marchent auprès de nous, nous n'avons pas à nous soucier de la route. Nous marchons dans l'innocence de notre propre pas », parfois s'identifiant à lui et épousant sa solitude. « Reste immobile, n'aies pas peur du gouffre. le temps va passer.Tu es seul comme peut l'être quelqu'un dans un tableau »

Comme le suggère le titre incomplet et mystérieux, un ouvrage plein de sensibilité, un ouvrage tout en ellipses et en retenue, à lire lentement pour se laisser imprégner par l'émotion et vivre la solitude de l'être abandonné.

« On sait qu'on peut sentir dans l'air du matin le souffle doux de ceux que nous aimons, même s'ils sont morts, même si plus jamais . Cela nous appartient et reste secret »
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