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Critique de gouelan


Photographe de guerre, Étienne se protège derrière son appareil photo pour faire écran à la réalité. Mais les images s'accumulent, l'horreur s'infiltre et les mots s'épuisent. Un jour son geste de photographe reste en suspens, il est comme en arrêt sur une image, sur une scène dans la rue qui l'ébranle. Cet instant de présence intense lui vole le réflexe de courir se mettre à l'abri et le prendra en otage.
Otage de guerre mais aussi otages intimes, car l'auteure sonde tous les recoins des pensées des personnages pour y dénicher la part d'otage qui s'y cache.

Étienne est libéré et retourne au pays. Il rejoint sa mère et ses amis espérant retrouver son monde de l'enfance pour effacer les traces de l'enfermement.
Il est relié à ses deux amis par le souvenir de leurs jeux d'enfants, de leurs découvertes, où se mêlaient la sauvagerie, la beauté et la magie des notes de musique. Ils ont comme outils pour retrouver cette part d'insouciance, la voix de leurs instruments qui recouvre le silence des mots, ainsi que la délicatesse de leur amitié.

Mais il faudra aussi oser regarder cette part d'otage enfouie en chacun d'eux, « S'encorder aux mots. Ne pas peser sur ceux qu'on aime. » Prendre le temps de trouver les mots justes, les mots qui résonnent comme des échos de la peur. Cette ombre une fois nommée laissera la chance à un chemin de liberté de s'ouvrir enfin.

Les phrases sont brèves et ciselées, elles cherchent et creusent, elles tentent de s'élever au-dessus du gouffre, se retrouvent comme des notes suspendues sur un fil avec parfois le silence. Otages intimes est aussi un chant de liberté, un chant d'enfance et d'espoir, où se rejoignent le violoncelliste, le pianiste et la flûtiste, pour faire barrage à la barbarie, à la part d'ombre. Une part d'ombre qui se reflète en chacun de nous. Celle qu'on traîne, qui ne se laisse pas oublier.
Un roman dans lequel il faut s'arrêter sur chaque petite phrase, sur un mot, un geste, un regard. Des mots comme des pensées en boucle, comme des éclats que la prose de l'auteure atténue.


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