Etienne a été otage dans un pays en guerre.
Etienne va être libéré après des mois de captivité. Il rentre, il vole vers un tarmac noir de monde, captif déjà à demi libre, dans ce temps incertain ou le doute et l'espoir se mêlent. Pétrifié.
On est absorbé de suite, dans l'effroi de l'événement, dans la frayeur et l'espérance de l'homme, dans l'attente de ceux qui piétinent en guettant l'avion: une mère, une ancienne compagne et, plus lointains, des amis intimes.
Je me suis donc immergée, portée par ce début prometteur, vivant en procuration la face cachée d'images télévisuelles médiatisées. Montrer la part intime du drame derrière les sourires de façade est une belle idée. Avec
Jeanne Benameur, on sait que les ressentis vont être décortiqués, analysés, transcendés et si on aime, on en a pour son compte.
On attend donc la reconstruction, la résilience, une vie qui redémarre, identique ET différente.
Et pourtant...J'ai eu comme un coup de mou en cours de lecture, saturée par tant de bons sentiments et par la prose symphonique de l'auteur. C'est une écriture travaillée, poétique, mais qui sent l'artifice et qui m'a tuée l'émotion par excès. Certaines phrases me sont restées incompréhensibles, trop littéraires. Beaucoup trop de généralités, de clichés appuyés. Si je devais en rajouter, j'ai même eu du mal avec les personnages, plutôt septique face à un ébéniste musicien homme des bois et une avocate de tribunaux internationaux à l'enfance fracturée. Bon casting qui colle au sujet!
Il reste des moments de grâce que j'ai plutôt trouvés dans le décor ( village et forêt de l'enfance), ou dans le contexte de la guerre ( piano dans les ruines ).
Décidément, je ne retrouve pas le plaisir de lecture des Demeurées dans les derniers livres de
Jeanne Benameur. Son écriture, très personnelle, s'affirme de plus en plus dans le détail, perdant en sobriété et concision. J'ai un peu de mal...