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Critique de hcdahlem


Plein soleil

Sur cette île grecque, Ariane, son mari et ses deux enfants passent des vacances de rêve jusqu'au jour où ils font la connaissance d'une autre famille. le quatrième roman d'Inès Benaroya est un drame sous haute température.

«Comment s'est achevé l'été des Sainte-Rose? Je ne vais pas me dérober. Je vais tout raconter. Lorsque j'aurai mené le récit à son terme, je rouvrirai les yeux et mes souvenirs sombreront enfin dans l'océan de l'oubli. Mais ne soyez pas dupes. Sur le passé, on ne peut que se pencher, en ramasser les morceaux et tenter de les recoller. Questionneriez-vous Pierre, Viola, Salva ou les enfants, ils vous livreraient une autre histoire.» Ariane, la narratrice de ce roman incandescent, va nous donner sa version des faits qui ont fait basculer son couple, revenir sur ce séjour sur «la plus belle île grecque» qu'elle retrouve avec Thibaut, son nouveau compagnon.
En parcourant le chemin de terre qui serpente à flanc de colline, il est bien loin de se douter de ce qui s'est joué là, car Ariane n'a rien dit de cette histoire. Il faut dire que d'un commun accord, ils ont choisi de ne pas ressasser leurs rancoeurs pour rester comme neufs. Mais revoir les lieux où s'est joué le drame, revoir la «maison du photographe», c'est forcément retrouver des sensations, des images, des émotions. Impossible alors de se soustraire au passé, même si elle a imaginé pouvoir tirer un trait sur ce «bel été».
Car avec Pierre, Jeanne et Guillaume les jours heureux s'écoulaient paisiblement dans ce paradis sur terre. Quand ils ont croisé le chemin des Sainte-Rose, ils ont été ravis de nouer des liens avec ce couple charmant, d'être invités dans leur superbe propriété, de partager leur intimité.
Inès Benaroya qui dans Bon genre, son précédent roman, explorait déjà les limites qu'un couple pouvait s'autoriser (ou pas), va ici jouer des codes de la séduction, de ces frontières que les circonstances rendent plus poreuses. Quand, à l'occasion d'un dîner un peu arrosé, on se laisse aller à quelques confidences, quand on s'autorise quelques gestes, quand on laisse le désir prendre le pas sur la bienséance: «Le désir vit sa propre vie. Cet été-là, il me choisit. C'est mon heure de gloire. Pour que cela ne cesse jamais, je fais tout ce qui est possible. Je fais n'importe quoi. le désir est un fruit qui ne se partage pas.»
Inès Benaroya, d'une écriture toute en subtilité, suggère bien davantage qu'elle ne dit les choses, s'intéresse davantage aux troubles, à la psychologie de ses personnages qu'elle ne décrit les faits. À tel point qu'il devient bien difficile de préciser quand et comment les choses ont dérapé. Et encore plus difficile de dire à qui il faut attribuer la faute. Toujours est-il que les frontières ont été franchies et que plus rien ne sera comme avant. On retrouve dans ce livre la même insouciance méridionale, la même caresse du soleil sur les peaux cuivrées et la même fièvre que dans «Plein Soleil» de René Clément. Pour un peu, on entendrait la musique de Nino Rota. Cette beauté qui rend la souffrance encore plus insupportable.


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