AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tarann


Nouveau roman de Romain Benassaya (auteur de Pyramides, l'un des mes coups de cœur 2018) Les Naufragés de Velloa est un livre duquel je ressors avec un avis mitigé : très proche d'Arca, aussi bien dans sa construction que dans les thèmes abordés, ce livre comporte les qualités présentes dès le premier roman de l'auteur mais peine à trouver son rythme au fil des 410 pages.

Au XXVIIIe siècle, le système solaire est toujours un endroit dans lequel une grande partie de l'Humanité souffre. La Terre, désormais inhabitable, a poussé des milliards d'individus dans le froid de l'espace. Certains, plus chanceux que d'autres, ont pu s'installer avant cet exode massif sur Mars et Vénus, planètes terraformées qui contrôlent avec une absolue rigueur leurs frontières. Ayant été rejetés par ces deux planètes, les naufragés de la Terre, nommés avec mépris « Blattes », survivent avec la plus grande des difficultés, comme sur Europe, par exemple.

Le « toujours » ou « désormais » ont leur importance, car si l'auteur ne précise rien à ce sujet, on comprend que ce nouveau roman s'inscrit dans l'univers d'Arca (les lecteurs connaissant l'ouvrage découvriront alors avec plaisir que Mars est enfin habitable).

C'est dans ce contexte que débute le roman : les Martiens et Vénusiens, véritables privilégiés du système solaire, découvrent avec étonnement qu'un vaisseau ayant servi à l'exode Terrien a réussi à effectuer un bond de plusieurs années-lumières en un temps technologiquement impossible vers Velloa, une planète potentiellement habitable. La tentation est trop forte : les deux planètes, rivales, montent une mission conjointe. Mars apporte son aide car capable de numériser une conscience afin de la réinjecter dans un corps tout neuf (faisant fi des contraintes de ce voyage de 57 ans), Vénus car ses vaisseaux peuvent atteindre 30% de la vitesse de la lumière. La confiance reste limitée, voire inexistante, car chacun souhaite s'approprier cette nouvelle puissance.

Les premiers chapitres font mouches. On arrive au moment où le vaisseau atteint sa destination, on découvre les éléments dont je viens de parler, on rencontre les personnages etc. Tout se tient et les chapitres sont bien construits. C'est à partir de la « Partie 2 » (le livre en possède 6) que les choses se compliquent, mettant en avant le principal problème du roman : il y a trop de point de vue.

Le livre comporte 4 personnages principaux : Mark (le Martien), Karen (la Vénusienne), Linea (une naufragé d'Europe aux intérêts forcément spécifiques à sa condition sociale) et Dayani (une native de Velloa). C'est trop.

C'est trop parce qu'avec ses 410 pages, le roman passe une grande partie de son temps à se chercher, entre approfondir les personnages un par un, faire avancer l'intrigue sur Velloa, exposer la politique de Mars et Vénus ou encore effectuer des flash-back nous permettant de découvrir comment vivent les Naufragés. A cause de cela, il y a peu de moments permettant au roman de respirer, peu d'espace pour que les personnages tissent des liens entre eux, peu de raisons qui nous poussent à ressentir l'urgence des situations. Et c'est particulièrement frustrant.

Car comme je le disais, j'aime bien le style de Benassaya : ses personnages sont attachants, son worldbuilding convaincant, ses chapitres sont bien construits... Sauf que dans Les naufragés de Velloa, l'auteur a beaucoup à dire et tous ces éléments ne se lient correctement que dans le dernier quart du roman.

L'intrigue en elle-même est intéressante : découvrir le pourquoi et le comment, découvrir Velloa, la situation du système solaire, apprendre à connaître les personnages. Cependant, il manque un sentiment d'unité : soit il y a trop de personnages, soit il manque 200 pages.

Moins percutant que Pyramides et plus dans la continuité d'Arca, avec lequel il partage pas mal de thématiques (je n'en dis pas plus afin de ne pas spoiler), j'aurais aimé que ce roman soit plus long afin de me donner un peu plus de prise sur l'intrigue et sur ses personnages. Un poil déçu donc, mais cela ne m'empêchera pas de lire le prochain roman de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}