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Un plaisir de retrouver la plume toujours aussi vivante et rythmée de Djilali Bencheikh.
On retrouve les personnages de Mon frère-ennemi, un peu plus âgés (on n'est pas obligés d'avoir lu le 1er pour comprendre le 2nd), plus matures, plus idéalistes.
L'histoire est passionnante mais ce qui retient surtout mon attention c'est cette analyse acérée de la guerre d'Algérie et des premiers mois de l'indépendance (ce n'est pas le sujet principal du livre mais une trame de fond). C'est très osé de la part de l'auteur, je ne pense pas que ce serait passé s'il n'était pas algérien. D'ailleurs même pour un Algérien ce n'est pas très politiquement correct. Grinçant et délicieux !!!
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Très jolie chronique d'une enfance et adolescence algérienne pendant que couve la guerre d'indépendance
En 1954, Salim, jeune algérien d'un douar misérable de la région d'Orléansville, se détache de ses congénères par ses facilités d'apprentissage à l'école du village. Lui et son frère Elgoum feront partie des rares élus à partir en 6ème en pension à Orléansville malgré l'opposition de leur père autoritaire et violent qui veut faire d'eux des bergers.
Tes yeux bleus occupent mon esprit, c'est le parcours initiatique que doit affronter un enfant, puis un adolescent dans un pays en proie à la tourmente. A la veille de l'indépendance de l'Algérie, Salim est tiraillé entre sa fascination pour la France, sa langue qu'il maîtrise habilement et la peur de trahir son pays et les siens qui se battent pour leur liberté.
Roman d'initiation plein de fraîcheur et d'innocence, d'humour et de gaieté, il soulève délicatement des questions graves qui sont encore d'actualité aujourd'hui.
A noter le ravissant écrin des éditions Elyzad !
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Je suis tombée par hasard sur ce joli (d'un point de vue esthétique) livre, publié chez un éditeur inconnu de moi – Elyzad – qui est un éditeur tunisien : beau papier, belle couverture, et format petit poche. La quatrième de couverture m'accroche aussi. Et c'est une jolie surprise !

Cela commence comme cela : « Je viens juste de l'apprendre. Les couleurs ont une âme. Mes camarades ne veulent pas le croire, mais moi je suis d'accord avec la maîtresse. Les couleurs expriment des sentiments. Et chacune d'elles d'habille d'un symbole ». Et c'est là le début d'un beau roman d'apprentissage. Nous suivons les aventures de Salim, un enfant algérien du douar, âgé de dix ans dans les premières pages, dans les années 1950 et 1960.

Il s'agit à la fois d'une sorte de Petit Nicolas à Orléansville, avec des péripéties, des bêtises, et un humour plein de tendresse sur l'enfance. C'est aussi un récit plus grave, celui des « z'èvenemlents » de la guerre d'Algérie, vus par le regard tantôt naïf, tantôt idéaliste, d'un jeune garçon puis d'un adolescent. C'est l'éveil de Salim à la vie, aux désirs, à la politique. C'est son éveil aussi à la connaissance et au bonheur de savoir, l'éducation lui permettant d'échapper à son destin – apparemment tout tracé – de berger. Cette fascination tiraille Salim

Bien loin de tomber dans des clichés caricaturaux, le récit forme un tissage complexe et nuancé, souvent très émouvant, comme ce discours que l'instituteur M. Vermeille tient à ses élèves au début de la guerre, lors du dernier cours de l'année scolaire : « Encore une fois je vous en prie. Ne cédez pas à la folie des hommes qui veulent déchirer ce beau pays. Il est possible que ces paroles déplaisent à des oreilles récalcitrantes. Peu importe. Je m'adresse avant tout à ceux qui veulent avancer sur la voie du progrès » (page 137).

Le style – qui évolue en même temps que Salim grandit – est léger et enlevé, et nous promène d'épisode en épisode au sein de chapitres courts se succédant rapidement.

Beau portrait d'adolescent, et beau portrait de la jeune Algérie aussi.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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"Je ne pense jamais comme ceux de mon clan. Les miens n'ont rien à m'apprendre. Je sais tout d'eux, ils savent tout de moi. Avec les étrangers, quelle que soit leur origine, je m'instruis en permanence, j'ai l'impression d'être en perpétuel voyage".
Ainsi parle Salim, le narrateur de ce roman, qui nous aura mené du tout début des "événements" à l'indépendance de l'Algérie. Presque huit ans se seront écoulées entre le début et la fin du récit, qui voit Salim passer de l'enfance à l'orée de l'âge adulte.
Choisir un enfant comme narrateur n'est pas chose aisée, mais Djilali Bencheikh sait les éviter. Déjà, il sait faire évoluer le langage de son héros, mais aussi son regard, son analyse sur ce qui l'entoure. le petit garçon du douar devient un adolescent qui ne veut surtout pas devenir un berger, comme l'obstination de son père l'y condamne, un temps. Pour lui comme pour ses frères, l'émancipation passe par les études, ce qui ne signifie pas trahir les siens, comme le lui serinent certains de ses camarades.
Pas de manichéisme dans ce roman. La bêtise et la violence ne sont pas l'apanage d'un seul camp. La barbarie n'est pas passée sous silence, elle est racontée de la même manière que l'on conte un événement tragique à un enfant : en lui synthétisant les informations, sans s'étendre dans de longs discours. Peu de mots peuvent avoir beaucoup de poids.
Son frère Elgoum prendra la parole à l'avant-dernier chapitre. Il offre un regard plus mûr. de deux ans plus âgé, il n'a pas la naïveté, l'idéalisme de son frère. Il sait, crument, certains faits, certaines trahisons, certains carnages. Il est d'une grande lucidité, et d'une grande tendresse pour son frère.
Une très belle oeuvre à découvrir.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Rien à ajouter aux excellentes critiques de ce livre exposées ici, sauf qu'à mes yeux, le premier ("Mon frère ennemi", aujourd'hui presque introuvable) est encore plus savoureux. Moins "sérieux", sans doute aussi, parce que la guerre y est moins présente et que le jeune protagoniste n'a pas 7 ans. Mais, à défaut...
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Djilali Bencheikh retrace les évènements de la guerre d'Algérie, vus au travers des yeux d'un enfant. Salim a10 ans en 1954 et au fil des paragraphes, il découvre à la fois son pays et les prémisses de l'amour. Et c'est surtout à l'école que se passent ces deux apprentissages. Un enfant ne perçoit pas vraiment les problèmes du colonialisme. Salim est ami avec des français, "les roumis", des juifs ou des arabes. Il ressent toutefois assez cruellement la misère de sa famille, la rigueur de son père et les contraintes de la religion.
" J'ai honte du sang blédard qui coule dans mes veines. Peut-on se débarasser d'un tel héritage par la seule magie du savoir?"
Des évènements douloureux pour ses copains d'école ou dans sa famille vont petit à petit forger son caractère. Salim comprend rapidement que pour les jeunes de son âge la seule issue est l'éducation, même si certains lui reprochent d'exceller dans les matières des français.
" Mais je crois que l'avenir de notre pays exige une bonne répartition des tâches: celle de notre génération est delibérer le pays. La vôtre est d'étudier pour oeuvrer à sa construction."
Même si il est très vite fasciné par la résistance, tenté par l'entrée au maquis, sa jeunesse lui évitera de tels pièges car c'est une guerre violente.L'auteur évoque cette cruauté de manière très rapide mais concrète. le récit ne peut pas être violent car ils est perçu par des yeux d'enfant. Ainsi la naïveté, l'espoir, l'humour, la légèreté prédominent en évoquant par exemple les découvertes cinématographiques ou en utilisant des mots français de manière phonétique et humoristique.
J'ai apprécié de lire le point de vue d'Elgoum (juste l'avant dernier chapitre), le frère de Salim qui a juste deux ans de plus mais qui voit les choses de manière différente et plus réaliste.
Cette vision des événements par un jeune algérien est pour moi novatrice car si j'ai lu plusieurs livres sur la guerre d'Algérie, celui-ci montre bien la confusion et l'incompréhension des jeunes algériens au début de ce conflit. Salim vit et apprécie les français avec lesquels il vit et ne comprend pas tout de suite ce que représente le colonialisme, l'ALN ou le FLN.
C'est un roman d'apprentissage qui allie la découverte humaine (éducation, premiers émois, drames familiaux, rapports avec les adultes) et l'initiation politique au contact des moudjahidins, des colons, du racisme.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Salim est un jeune garçon vivant dans un village reculé d'Algérie, au début des années 50. Son avenir, probablement paysan ou gardien de chèvres. Mais Salim, qui va à l'école française est un élève particulièrement brillant. Un an d'avance, il rejoint en classe son frère Elgoum, qui lui a un an de retard. Il "s'éveille aux autres, à ses désirs, ses révoltes, à ce déchirement qui le gagne inexorablement." (4ème de couverture) le livre débute dans les années 50 et se finit au lendemain de l'Indépendance de l'Algérie, le 19 mars 1962. Salim nous livre les journées d'un jeune garçon, puis d'un jeune homme pendant les "zévénements".
C'est donc un roman d'apprentissage d'un garçon dans un pays en guerre. Guerre évidemment omniprésente, mais vue d'abord par les yeux de ce jeune garçon grandissant s'ouvrant à la vie de son pays. Puis, la vision des événements varie au fur et à mesure que Salim grandit et qu'il prend conscience des injustices et des inégalités entre Arabes et Français. Là-bas, à cette époque, même le plus pauvre des Français est plus riche que l'énorme majorité des Arabes.
Salim est tiraillé entre les maquisards qui défendent l'indépendance et son attirance pour Françoise, fille d'un capitaine de l'armée française, qui l'a subjugué, notamment par son regard bleu
Je crains toujours d'entamer un roman dans lequel le narrateur est un enfant, parce que l'auteur peut parfois céder à la facilité de langage et d'analyse des situations. Djilali Bencheikh évite les deux écueils : son livre est très bien écrit, émaillé de mots algériens ou de mots français orthographiés à la diction algérienne de paysans reculés, ("zévénements" pour les événements "coolidge" pour le collège, "la péro" pour... allez, je vous laisse deviner et si vous gagnez, j'en prends un à votre santé, ...). le texte est souvent drôle, touchant et sensible, à la fois gai et grave.
D. Bencheikh n'est pas manichéen : les bons Arabes et les mauvais Français. Je lui en sais gré, parce que, comme pour beaucoup de quarantenaires, mon papa a fait cette guerre d'Algérie et je suis persuadé qu'il ne s'est pas laissé aller à des exactions, des viols ou des meurtres gratuits ; il a d'ailleurs appris a aimer ce pays et ses habitants pendant l'année qu'il a passée vers Oran. Certes, on sent que l'auteur a une opinion et des souvenirs de cette époque (il est né dans les années 40), mais il sait nous faire partager les doutes et les tiraillements qui ont dû être les siens et ceux de nombreux autres Algériens pendant cette période. A une époque où l'on commémore "notre appel à la Résistance", celui du 18 juin 1940, c'est une bonne idée d'aller dans un autre pays, qui quelques années après le nôtre a résisté à l'envahisseur, tout aussi peu enclin à partir.
Ce livre a reçu le Prix Maghreb 2007 de l'Association des Ecrivains de langue française.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Salim, un enfant du bled, est un excellent élève, qui mérite de poursuivre ses études au lieu d'être berger, comme on l'est de père en fils dans sa famille. Hélas, on est en pleine guerre d'Algérie, et il ne fait pas bon avoir des copains Pieds-Noirs ni se faire bien voir de ses professeurs lorsque l'on est arabe et farouchement partisan de l'indépendance. Pas facile à vivre tout ça, surtout lorsque Salim s'éprend de Françoise, la fille aux yeux bleus, dont le père est capitaine... de l'armée française ! Un récit tout en finesse, écrit avec beaucoup de sincérité par un auteur algérien francophone qui mérite d'être mieux connu. Un bon moment de lecture et une sacrée leçon d'humanisme...
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