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Critique de BazaR


Je me souviens qu'il y a une trentaine d'années, je dévorais le catalogue de la collection Présence du Futur, notant mentalement chaque livre que je mourais d'envie de lire un de ces jours.
Dans l'Océan de la Nuit y était déjà, et j'ai attendu jusqu'à maintenant pour me lancer. Depuis, le diptyque qu'il formait avec A Travers des Mers de Soleil s'est développé en l'hexalogie du Centre Galactique (le dernier tome n'ayant d'ailleurs pas été traduit).

Lire ce livre aujourd'hui est forcément très différent de le lire à l'époque, car l'action s'étale sur une période qui se situait dans l'avenir alors qu'à présent elle est située dans le passé, entre 1999 et 2019 (oui, sacrée coïncidence que cette dernière date ! Je vous jure, j'ai pas fait exprès). Dans ces cas-là, je ne peux pas m'empêcher de comparer le futur imaginé avec la réalité. Est-ce que l'auteur est tombé juste sur certaines prévisions ? Ou pas du tout ?
En fait ça ne colle jamais tout à fait – un livre qui collerait parfaitement me ferait sacrément flipper. Mais il faut bien avouer que Gregory Benford s'en sort pas mal. Son regard de scientifique préoccupé par l'impact de l'homme sur la planète lui permet de capturer les bonnes tendances : l'effet de la pollution sur la santé, le manque d'eau potable, l'apparition de nouvelles maladies, le renouveau du religieux qui redevient une force de pouvoir, mais aussi les unions conjugales plus libres, à trois par exemple ou le retour du protectionnisme. En revanche pas de multilatéralisme ; les États-Unis d'Amérique dominent les relations internationales et les autres nations – Soviétiques (eh oui, ils sont encore là) et Chinois compris – se taisent dans le roman. Pas d'internet ni de smartphones non plus.

Comment ? le titre « Centre Galactique » annonce une dimension space-opera et tu ne nous parles que d'un futur proche dystopique à la Robert Silverberg ? Tu t'es gourré de bouquin ?
Non, non. Même si le synopsis annonce une histoire de premier contact qui forme effectivement le fil rouge du récit, c'est bien la description de ce futur proche et inquiétant qui est le plus présent. Gregory Benford se veut lanceur d'alerte, à la façon d'un John Brunner. Il m'avait déjà fait le coup dans Un Paysage du Temps.
Mais même dystopique, ce futur passé continue à développer sa technologie. Et là Gregory Benford s'en donne à coeur joie, à l'aise avec la description précise et réaliste des trajectoires interplanétaires guidées par les passages dans le champ gravitationnel des planètes du Système Solaire. Ce n'est pas pour rien que ce livre est étiqueté hard science.
J'ai parlé de Robert Silverberg mais j'ai aussi pensé à Robert Charles Wilson. Durant la première partie du roman, les péripéties du personnage principal, Nigel – empêtré dans les enchevêtrements administrativo-complotistes de la NASA et du gouvernement alors qu'un contact avec l'Étranger est avéré – se mélangent avec la déstabilisation du trio conjugal qu'il forme avec Alexandra et Shirley, alors que la première est atteinte d'une maladie mortelle et que les deux femmes sont tentées par l'espoir porté par la religion montante des Nouveaux Enfants. L'auteur parvient d'ailleurs à intriquer les deux thèmes de manière magistrale.

Autant j'ai apprécié les deux premières parties, autant la dernière m'a laissé sceptique. Nigel se concentre sur le Contact – plutôt « les » contacts – qui s'avèrent finalement assez inquiétant pour l'avenir de l'humanité et combat sa pesante hiérarchie, noyautée par les Nouveaux Enfants, qui ont leurs propres objectifs. Mais l'absence du trio se fait fortement sentir sur le récit. L'apparition de son collègue M. Ichino et de l'étonnante Nikka ne parvient pas à rétablir l'équilibre. Nikka a de bons chapitres pour elle mais Nigel tire trop la couverture à lui ; elle reste finalement dans son ombre.
D'autre part je n'ai pas du tout accroché au « contact » dans les forêts de l'Oregon, qui va chercher des êtres mystérieux qui apparaissent un peu trop opportunément pour prouver la théorie de Nigel. Ce fil scénaristique qui flirte avec l'horrifique n'est pas à sa place.

Dans l'ensemble le fil rouge du contact se tient cependant. Et les révélations que Nigel reçoit – mais que je ne dévoilerai pas ici – sur la nature de la vie dans la galaxie apportent leur lot de promesses pour la suite dont j'espère quand même qu'elle sera plus space-opera.
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