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Citations sur Caisse 19 (3)

Je suis heureuse bien sûr d'avoir continué à vivre, notamment parce que depuis j'ai lu des tas et des tas de livres d'écrivaines comme Fleur Jaegy et Ingeborg Bachmann et Diana Athill et Doris Lessing et Marlen Haushofer et Shirley Jackson et Tove Ditlevsen et Agota Kristof et Muriel Spark et Eudora Welty et Inger Christensen et Anna Kavan et Jane Bowles et Silvina Ocampo et Angela Carter et Leonora Carrington et Tove Jansson et Merce Rodoreda. Il est arrivé un moment je ne sais pas quand exactement où il s'est trouvé que ce stade j'avais lu suffisamment de livres écrits par des hommes. Cela s'est fait tout naturellement - je ne me souviens pas m'être dit que j'en avais assez et que je n'allais plus lire de livres écrits par des hommes pendant un certain temps, je me suis simplement mise à lire de plus en plus de livres écrits par des femmes et cela ne me laissait plus beaucoup de temps pour lire des livres écrits par des hommes. Je consacrais tout mon temps à lire des livres écrits par des femmes et soudain une année entière s'était écoulée et je n'avais lu que des livres écrits par des femmes et une autre année est passée sans que ce soit différent, puis, de temps en temps, très occasionnellement, il y avait quelque chose d'un auteur masculin, L'Institut Benjamenta de Robert Walser, par exemple mais la plupart du temps c'étaient des livres écrits par des femmes que je lisais, et c'est resté comme ça. (pages 159-160)
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Je ne serai plus longtemps de ce monde.
Je ne serai plus longtemps de ce monde.
C'est quelque chose que j'avais pris l'habitude d'entendre ma grand-mère proférer tandis qu'elle attendait, par exemple, que son eau siffle dans sa bouilloire. Dieu sait que l'infini grondement monotone de l'eau qui se change en vapeur peut tout coup susciter de telles aspirations célestes. Ou peut-être après, assise. Pendant qu'elle remuait le sucre dans son thé et que je rassemblais les miettes du gâteau dans la petite assiettes posée sur mon genou avec la pulpe attentive de mon majeur. Elle l'a dit un jour que nous étions toutes les deux assises en attente du dessert dans le salon de la maison de ma tante près du ruisseau, et ma tante s'est élancée de la cuisine une grande cuillère fumante à la main et a dit avec colère "Maman ! Ne dis pas ce genre de choses devant la petite". Mais ça ne me dérangeait pas le moins du monde. En fait j'aimais bien quand elle disait ça et je l'ai répété plus tard une fois rentrée à la maison, assise sur le bord de mon lit. Je ne serai plus longtemps de ce monde. Je ne serai plus longtemps de ce monde. J'avais déjà l'impression à cette époque de me tenir à l'extérieur du monde et de la regarder ainsi du dehors, et c'est principalement un sentiment de déréliction et d'angoisse que cette impression faisait naître en moi. Assise sur le bord de mon lit à motifs de boutons de rose, répétant le mantra de ma grand-mère, je me sentais cependant noble, mystérieuse et indépendante. Comme si je n'étais guère que de passage en ce monde et j'avais un endroit un million de fois supérieur où retourner. Je ne serai plus longtemps de ce monde. Je ne serai plus longtemps de ce monde.
(pages 47-48)
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Les enseignants n'avaient d'autre choix que de mettre au point quelque procédé pour parer, quand tout partait en vrille, à l'insubordination des élèves et introduire un peu d'ordre, même si celui-ci s'avérait invariablement de courte durée. Le plus souvent leur méthode consistait à crier, et généralement à taper sur la table. Bien sûr, l'enseignant ou l'enseignante à bout de nerfs, se levait pour crier. Et tandis qu'il ou elle s'époumonait, une main à tâtons sur le bureau cherchait pas atavisme quelque chose a lancer. Mais comme ils n'avaient plus le droit de jeter des brosses de tableau ni quoi que ce soit d'autre sur les élèves ils en étaient réduits à frapper de grands coups sur leur bureau avec l'objet dont ils s'étaient saisis, et ils n'y allaient pas de main morte, et cela en soi pouvait être assez cathartique et engendrait souvent un silence soudain, contenu et quelque peu embarrassé, avant coureur d'un répit providentiel.

p. 29.
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