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Critique de domi_troizarsouilles


J'avais repéré ce livre parmi une foule d'autres cosy mysteries tout à coup mis à l'honneur dans ma librairie habituelle. J'avoue : je n'ai même pas trop cherché à décrypter le 4e de couverture ! je suis dans une période « j'ai envie de lire du cosy mystery » (même si au final j'en lis assez peu), si bien que je l'ai acheté sans hésitation, même si je n'étais pas tout à fait convaincue d'apprécier vraiment un roman ayant pour personnage principal... rien moins que la Reine du Royaume-Uni (et des autres royaumes du Commonwealth, on nous le rappellera quelquefois).

Et finalement je reste assez mitigée… Ce n'est pas que je n'aie pas aimé, mais je ne suis pas emballée non plus. Ce livre est très britannique – et pour cause ! -, tel qu'on peut se représenter cet anglo-centrisme depuis le continent. L'Angleterre (et sans doute le reste du Royaume-Uni aussi, même si ses autres composantes sont assez peu présentes, tout au plus l'Écosse qui est présentée presque comme un pays lointain en passant) est le centre du monde, tandis que le reste de la planète se divise en amis (les États-Unis, dont « les Obama » dont il sera question à plusieurs reprises, bien sûr tous les États du Commonwealth, et quelques autres qui sont évoqués sans être trop explicitement cités) ou ennemis (la Russie et la Chine en tête). On ne s'en rend pas compte tout de suite, mais ça devient de plus en plus évident au fil des pages, et cette vision très « simpliste » du monde est vraiment caricaturale ! même si elle est sans doute très réaliste du point de vue d'une autrice britannique…
Ce livre est aussi empreint de cet humour pince-sans-rire typiquement britannique. Certes, j'aime bien, mais pour le coup j'ai eu parfois du mal à accrocher.

Mais entrons un peu plus dans les détails…
D'abord, il y a énormément de personnages en jeu, parmi le personnel autour du couple royal en premier lieu, et pour moi c'est vraiment déconcertant. Quand on me parle « d'écuyer » par exemple, moi je vois encore le jeune apprenti plus ou moins maltraité qui sert de serviteur au chevalier, jusqu'à ce qu'il puisse prétendre à son tour à un adoubement… Mais qu'est-ce donc aujourd'hui, auprès la Reine ? Ce personnage semble avoir un rôle bien particulier, que je n'ai pas réussi à cerner, et qui n'est expliqué en aucune façon ! certes, ce n'est pas du fait de l'auteur, qui écrit en premier lieu pour un public britannique (qui sait donc de quoi on parle ?...), mais de la traduction française. Il aurait pourtant été bien utile de donner un petit lexique ou une « cartographie » des fonctions auprès la Reine – on a bien un arbre généalogique en fin de volume, que l'on aurait pu trouver tellement facilement sur Internet et qui sert assez peu pour l'histoire en plus, mais aucune explication sur ce genre de détail au sein de la Cour, et pour moi ça manquait.

Cela dit, parmi ces nombreux personnages, dont certains sont bien réels, il y a de jolis (petits) moments. On apprécie par exemple la complicité, ici vraiment bien rendue, entre la Reine et le Prince Philip ; l'attachement de la Reine à sa famille et particulièrement à ses petits-enfants ; ou encore, de façon beaucoup plus brève mais tout aussi agréable, l'entente spontanée et mutuelle entre le couple royal britannique et le couple Obama en visite à Londres. Cela donne quelques moments bien sympathiques, certes un peu cliché peut-être, mais qui rendent la Reine plus « abordable », d'une certaine façon.

Outre ces nombreux personnages de la Cour, il y avait aussi une multiplicité de personnages dans l'histoire, entre les différents policiers, les spécialistes et autres invités à la fameuse soirée qui a vu le jeune pianiste russe se faire tuer, et même certains anciens membres du personnel que Rozie va rencontrer. Ils n'ont certes pas tous la même importance, mais par moments je ne m'y retrouvais plus dans ces très nombreux personnages secondaires, si bien que l'ensemble m'a semblé parfois un peu décousu - tout comme la dimension finalement très politique de l'affaire lui donne un goût alambique, et me ramène à cet anglo-centrisme excessif qui m'a parfois dérangée.

Ensuite, je n'ai pas toujours compris le rôle exact de la Reine dans l'histoire. Elle est décrite comme une enquêtrice hors pair depuis l'âge de 12-13 ans, mais elle reste constamment « en chambre », se contentant de tirer ses renseignements de ses (nombreuses) relations grâce à son titre, et c'est surtout sa secrétaire, la jeune Rozie, personnage très typé et par ailleurs bien sympathique, qui mène l'enquête sur le terrain. Certes Rozie fait tout cela sur ordre de et pour la Reine, et au début sans trop comprendre le pourquoi du comment, mais peu à peu elle croit davantage en sa mission et prend même des initiatives. Mais avec tous ces intervenants, alors que la Reine reste constamment en arrière-plan à « penser », on finit par ne plus très bien savoir qui mène l'enquête, et encore moins qui la résout vraiment.
À noter aussi que le personnage, ou plus exactement la fonction de Rozie m'a turlupinée, car une petite voix en moi faisait de temps en temps des parallèles avec l'entourage du Roi (ou de la Reine) des Belges, pensées que je ne cherchais pas à provoquer d'ailleurs, ça me venait tout spontanément : pour autant que je sache (mais je peux me tromper), pour exercer un quelconque rôle / métier auprès nos souverains, il faut avoir au moins un peu de sang bleu… ce qui n'est donc absolument pas le cas d'une Rozie par exemple. La dynastie britannique serait-elle donc plus libérale à ce sujet ? Je n'ai pas de réponse…

On le voit donc : ce livre a un certain nombre de qualités, mais qui n'ont pas suffi à m'enthousiasmer…
Mais ce qui m'a le plus dérangée au final, et qui fait que malgré ses points positifs, ce livre ne m'a finalement pas emballée, c'est la notion de « confiance » de l'autrice. Elle insiste encore et encore sur l'importance de la confiance réciproque entre la Reine et son entourage, qui permet d'avoir le sentiment de faire partie d'une grande famille, et sans laquelle rien ne serait vraiment possible. On la croit volontiers.
Mais alors, pourquoi ce livre baigne-t-il dans un climat constant d'hypocrisie politique et de petits mensonges entre amis ? La Reine ment par omission à Philip, en lui disant juste le minimum de ses histoires, malgré toute la complicité qu'ils ont. Elle demande explicitement à Rozie de mentir à son supérieur hiérarchique et lui confie ses « missions » à elle en catimini et avec la consigne absolue de ne rien révéler à personne si ce n'est à elle-même. Elle se moque (gentiment ?) en permanence du chef du Renseignement, le pauvre Humphreys qui est la principale cible de cet humour larvé et qui est toujours présenté comme un parfait crétin, tandis qu'elle mène sa propre enquête dans son dos, pourtant elle finira par l'honorer du titre de chevalier !
Et ce ne sont là que quelques exemples… mais ma notion de confiance est définitivement bien éloignée de toutes ces petites manoeuvres de Cour ! Peut-être sont-elles vraiment indispensables pour garantir la cohésion de tout cet appareil, ça je ne le nie pas (et surtout je n'en sais rien)… mais qu'on ne parle pas de confiance !
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