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Critique de Ode


« Morhange, suppliai-je, dites-moi que nous continuons à rêver. »
L'Atlantide vue par Pierre Benoît est un rêve héroïque et... sensuel.

J'avais lu ce livre mythique à l'adolescence, sans accrocher plus que cela. J'ai donc profité de sa jolie réédition en poche, avec préface d'Adrien Goetz, pour le relire et comprendre pourquoi. La réponse est simple : au-delà de son érudition et de ses références helléniques, ce roman de 1919 emploie des codes essentiellement destinés à un lectorat masculin.

L'action se passe dans le milieu militaire, et pas n'importe lequel : l'armée française coloniale, en poste dans le désert algérien. le Hoggar est un lieu chargé de mystère, exotique, dangereux et propice aux légendes les plus folles. C'est pour cela que Pierre Benoît, familier de la région pour y avoir fait son service militaire, décida d'y implanter son Atlantide, en partant du célèbre dialogue de Platon intitulé le Critias. Les rapports entre les protagonistes - surtout le duo Morhange / Saint-Avit - reposent sur l'honneur, la camaraderie et une rivalité virile. Rivalité exacerbée par LA figure féminine du roman : Antinéa, qui retient prisonniers ses amants étrangers, les abandonnant à un sort funeste quand son désir se lasse...

Dans le récit-confession du lieutenant de Saint-Avit, le danger et la mort sont omniprésents, mêlant l'aventure à une double quête d'absolu. Quête d'un paradis perdu, symbolisé ici par l'oasis imaginaire de l'Atlantide, avec ses paysages d'une beauté à couper le souffle et présentée comme le coeur du savoir de l'humanité. Et quête de l'idéal féminin : le fantasme d'être élu et désiré par une femme aussi belle que puissante, incarnée par la barbare Antinéa, descendante de Neptune et de Cléopâtre et « souveraine absolue du Hoggar ».

Fort de presque un siècle de succès, ce conte un brin suranné continuera de fasciner les jeunes générations d'aventuriers prêts à s' « anéantir dans la seule destinée qui en vaille la peine : une nature insondée et vierge, un amour mystérieux. » Pierre Benoît eût-il décrit avec autant de passion la plastique du capitaine Morhange que celle d'Antinéa, j'aurais succombé moi aussi !
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