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Critique de Alfaric


Oyez, Oyez, David Gemmell est mort et ressuscité ! Je l'avais déjà annoncé avec "Le Septième Guerrier-Mage" et cela fait plus que se confirmer : nous tenons peut-être enfin notre auteur fantasy populares, car David Beorn / Paul Gemmell nous offre avec son diptyque "Calame" le chaînon manquant entre les deux époques de la quadrilogie Rigante ! Oh Yeah !!! (et pour ne rien gâcher c'est très fluide à lire malgré un texte un peu dense, grâce à un chapitrage qui fait alterner juste comme il faut le passé et le présent ainsi que le différentes POVs)
Après une sanglante révolution et une longue campagne militaire les rebelles du légendaire Darran Dahl assiègent la capitale du roi Erik (« qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent »)... Mais ils sont trahis, les troupes d'élite du tyran étant dans la place et non à des semaines de marche, et pour triompher de ses ennemis le roi fait appel à la plus noire des sorcelleries... Fin de l'Histoire et début de l'histoire ou fin de l'histoire et début de l'Histoire ???


Tout est perdu, sauf l'espoir... Maura la jeune magicienne rebelle refuse d'abandonner et compte bien continuer la lutte, seule contre tous s'il le faut, mais encore faut-il s'échapper du quartier de haute sécurité dans lequel elle est emprisonnée (remember Edmond Dantès ! ^^). Tout en préparant sa grande évasion, elle se soumet aux interrogatoires du légendier d'Arterac, missionné par le roi pour transformer la légende dorée en légende noire et mettre définitivement fin à la rébellion, mais missionné en même temps par l'Eglise pour jeter de l'huile sur le feu tant que les braises sont encore chaudes et créer un martyr et une sainte pour que la rébellion reprenne de nouveau (ce dernier est pris entre le marteau et l'enclume sauf que légendier qui n'a pas le droit de mentir est pris otage car SPOILER)... du coup on a une narration à la "Mille et une nuits", Maura reprenant le rôle jadis dévolu à Shéhérazade puisque l'exécution de ses camarades de lutte est reportée tant qu'elle continue son récit, mais on se retrouve aussi avec un récit structuré en analepse comme "Le Nom du vent" de Patrick Rothfuss ou "Blood Song" d'Anthony Ryan...
Mais dès le premier flashback on retrouve à 100% le cahier des charges de la fantasy humaniste à la David Gemmell avec le relationship drama d'un guerrier blasé au passé tourmenté mais au grand coeur qu'il va falloir réveiller et d'une ado mal dans sa peau en guerre contre la terre entière, mais aussi avec la description d'une communauté isolée qui ne demande rien à personne, ses heurs et des malheurs, ses amours et ses haines, ses amitiés et ses rivalités, rattrapée par les réformes régressistes du nouveau roi qui souhaite diviser pour régner en rétablissant l'absolutisme, l'obscurantisme et l'esclavage, et qui soudée dans la douleur va se réunifier pour se transcender. Ni gentils ni méchants (y compris l'horrible tyran qui naguère a été un prince héroïque et idéaliste avant de basculer du Côté Obscur), rien que des hommes et des femmes pris au piège des événements et confrontés à un système ploutocratique persuadé qu'inégalité est synonyme de prospérité (pour eux hein, parce le reste du monde peut bien brûler eux ils n'en ont rien à secouer : allez au diable Chicago Boys, Reaganiens et Thatchéristes qui prétendent nous gouverner mais qui ne sont là que pour tous nous amener et dans les ténèbres nous lier). Morregan le paria alias Darran Dalh la légende prend sa hache et prend la tête des siens pour rattraper les négriers qui s'en sont pris à sa communauté (remember l'actionner "Druss la légende", et son détournement grimdark mais badass "La Quête des héros perdus" ^^) : tout le monde pense qu'il le fait uniquement pour retrouver son amante, mais en fait c'est pour retrouver SPOILER...
De fil en aiguille il prouve que le mal n'existe que par l'inaction des gens de bien, donc lui et les siens constituent un épine dans le pied des élites des mes couilles et leur TINA à la con qui sont bien contentes de faire du pognon facilement et tranquillement en professant un suprématisme à la noix. On a droit au twist sanglant à la GRR Martin, mais on n'est pas dans l'amoralité cynique et complaisante de GRR Martin : le miracle survient moins par la grâce du ciel que parce que les crevards dictateurs et les crevards terroristes se tirent dans les pattes, mais finalement les faits sont là et Darran Dahl le Vengeur, le fou à la hache, devient Darran Dalh le Libérateur, leader de la révolution mondiale...
Et ça, ce n'est que la première partie du récit dans le récit qui nous est raconté ici !
"Oui, fit la jeune fille, j'ai encore tant de chose à vous dire. Comment j'ai retrouvé ma mère. Comment nous avons vaincu trois armées. Et comment j'ai vu naître un dieu..."


Les révélations pleuvent tout au long de ce tome 1, et sont toutes savamment dosées et orchestrées, bien amenées et bien exploitées car au final on finit par ne ne plus savoir qui croire et que croire : Darran Dahl était-il un héros ou un salaud ? Était-il un génie ou un fou ? Était-il un homme dépassé par les événements ou un homme tourmenté par les démons de son passé ? Était-il la Némésis du Roi, le bouc-émissaire de l'Église, le leurre ou la dupe de la Princesse Fantôme ? A grands pouvoirs grandes responsabilités : au bout du bout était-il finalement Dieu ou Diable ?
La magicbuiling est non seulement un élément clé du worlbuilding mais également du récit, les révélations faites à son sujet participant pleinement à sa construction. Les Gottarans inspirés par les dieux sont tous d'origine nobles, et les mindarans guerriers-nés et sorciers-nés qui sont tous suspectés d'être des deimonarans inspirés par les démons sont tous d'origine roturière , pourtant on nous montre d'un côté des généalogies entières de tarés royaux et de psychopathes aristos et d'un autre côté une flopée de magiciens de campagne qui eux se contentent de vivre leur vie quand ils ne viennent pas en aide à leur prochain... Lutte des classes ? Alors certes le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument, et d'autant plus facilement quand à la base tu es une crevure prête à tout pour être puissant et le rester, et au reste pour l'être davantage encore quitte à devenir un seigneur des cendres, mais nous sommes d'abord et surtout dans le même délire moorcocko-jungien que celui de Mark Lawrence dans son cycle La Reine Rouge ! ^^


Paul Beorn appartient donc bien au courant néo-classique de la fantasy qui puise pas mal dans la BD, la télé et le ciné... Et après Soeur Cage de Mark Lawrence, il nous offre une nouvelle super-héroïne révolutionnaire incarnation de la badassité ! Qui triomphera du Grand Capital, de la Bête Immonde, ou de la liberté, de l'égalité et de la la fraternité incarnées par l'espoir et l'amitié ? La réponse dans la suite et fin de ce chouette diptyque : To Be Continued !!! (putain l'attente va être longue ^^)


Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) 2018
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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