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Critique de argali


argali
02 décembre 2011
Trois soeurs. Trois jeunes femmes rousses aussi différentes que peuvent l'être des soeurs. Irène l'aînée, fleuriste et mère de famille, a un caractère fort, dominant. C'est l'aînée. La narratrice, la cadette, se cherche encore, peu sûre d'elle. Elle commence une relation qui ne l'agrée pas tout à fait mais n'ose pas le dire à son compagnon. Et puis, il y a Charlie, la benjamine. La petite soeur qui a toujours eu l'impression d'être la pièce rapportée dans une famille qui avait déjà beaucoup vécu avant son arrivée. Charlie est discrète, menue, un peu à la frontière familiale.
La narratrice nous emmène dans son histoire de famille. C'est un enterrement qui fait affluer les souvenirs. Nous voici assise dans la voiture qui conduit les soeurs dans la maison de leur enfance pour fêter un anniversaire. Les 38 ans d'Irène. Un anniversaire qui va bousculer leur vie.
Leur mère est morte depuis longtemps mais son image continue de flotter dans la maison, dans les pensées de chacune, dans leurs souvenirs, dans la pièce qui fut son bureau et que l'on n'ouvre jamais, tel un sanctuaire. Chacun voudrait que le temps ne passe pas, que le passé reste bien à sa place. Malgré Catherine, la compagne du père.

Le thème est classique mais le roman est déroutant. On croit tout comprendre mais avons-nous toutes les pièces en main ? La cadette semble distante, silencieuse, spectatrice de ce drame qui se joue devant elle. Elle paraît extérieure à ce qui lui arrive, ne semble jamais prendre son avenir en main. Elle s'arrange du quotidien, des imprévus, déboussolée ou fataliste. Elle n'est ni l'aînée dominante, ni la benjamine à qui on pardonne tout – elle est jeune encore. Elle est celle du milieu, disponible pour ses soeurs, gardienne du temps pour les autres.

L'écriture est sensible et légère même lorsqu'elle narre des émotions fortes et des drames. Ces vies qu'Anne Berest nous raconte en distillant les états d'âmes de chacun, paraissent si lisses. Puis le coup d'éclat arrive et tout nous est jeté en pleine figure : les mensonges, l'autorité du père, le manque de la mère, la jalousie, la rancoeur… Qu'en faire ? Comment gèrer cela ? Comment la narratrice vivra-t-elle avec ce poids ?

J'ai trouvé le récit plein de charme. Les réactions et les sentiments de chacun sont très bien décrits ; l'écriture est soignée, agréable. On peut peut-être regretter que les personnalités ne soient qu'effleurées ; on voudrait en savoir davantage sur chacune et on reste un peu sur sa faim. le roman m'a paru un peu trop léger quelques fois.
Mais on se laisse prendre par la narration, les réactions fraternelles, les fous-rires au mauvais moment, les regards qui en disent longs, cet amour qui les lie toutes les trois. On retrouve bien l'amour ambigu qui peut unir des soeurs, fait de tendresse et de cruauté, de don total et de retenues pudiques.

Un bon premier roman qui me donne envie de suivre son auteure.
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