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Critique de Zephirine


Depuis quelques années, les féminicides ont le vent en poupe chez les romanciers et c'est tant mieux si cela peut dénoncer des situations dramatiques. Les chiffres sont éloquents : 118 femmes tuées par leur compagnon ou leur ex en 2022. Alors, il peut sembler intéressant, par le truchement d'un roman, de suivre l'histoire d'un couple pour essayer de comprendre le passage à l'acte de l'homme.

Étienne Lechevallier, homme angoissé et obsessionnel, est marié à Vive, photographe à l'esprit bohème qui réfrène souvent ses envies pour ne pas déclencher de crise chez son mari. Elle le trouve psychorigide tandis que lui se sent incompris et la trouve ingrate et inconséquente. Même sa façon de s'exprimer lui déplait. Jusque dans son travail de correcteur, Étienne se croit missionné de la lourde tâche de veiller sur une littérature et une langue irréprochable au point de réécrire à sa façon les manuscrits qui lui sont confiés.
On sait, dès les premières pages, que l'histoire se terminera trois jours plus tard avec la mort de Vive tuée par son mari. Pas de suspense donc si ce n'est de savoir quand Étienne portera les 37 coups de couteaux sur sa femme.
Rien ne laisse deviner cette violence soudaine chez un homme qui n'est pas brutal, mais immature, un homme qui a peur de passer inaperçu ou de n'être pas suffisamment aimé. Il souffre aussi de synesthésie, il a donc des perceptions anormales qui se traduisent par des couleurs. Sa jalousie maladive provoque un malaise dans son couple ou sa femme tente de garder un équilibre précaire en faisant des concessions. Et puis, un jour, elle n'en peut plus de cette vie étouffante et étriquée.
Et dire que ce couple est ensemble depuis une dizaine d'année ! Difficile à croire avec la vision qu'Étienne a de sa femme dont il déteste pratiquement tout, à commencer par ses talents artistiques qu'il met en doute. le grand génie, c'est lui, et elle devrait l'aider plutôt que de s'intéresser aux autres qui sont sans intérêt à ses yeux. A part la musique de Mahler qu'il adore et qu'elle ne comprend pas.
Claire Berest se plait à nous déballer la personnalité toxique de son personnage principal, à le fouiller jusque dans ses moindres pensées. Ce qui nous le rend particulièrement antipathique.
On aimerait y croire mais il m'a été difficile d'entrer dans la vie de ce couple de bobos parisiens manifestement pas heureux. Je n'ai ressenti aucune complicité avec ces personnages fabriqués pour illustrer un thème. Certes, il s'agit d'un féminicide, ce qui est à prendre au sérieux, mais on s'ennuie ferme dans ce roman qui manque cruellement de tension narrative.
Quant au style, je l'ai trouvé affecté et sans envergure.
Roman aussi vite oublié que lu !

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