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Critique de BazaR


BazaR
01 novembre 2016
Marrant ! Si on se contente du dessin, il y a de quoi être déçu au premier abord : du crayonné plutôt enfantin, des couleurs posées vite fait, des bulles écrites style manuscrit. Pourtant il se dégage à la lecture de cette bd un charme incontestable qui contraste avec son sujet parfois assez dur et le rend accessible même aux enfants. Marie se raconte, comme elle le ferait au cours d'une conférence.

J'ai dit « assez dur » car la première partie de la vie de Maria Sklodowska est loin d'être une sinécure. Elle vit dans une Pologne dominée par le grand voisin Russe qui cherche à effacer sa culture au profit de la sienne propre. Les Polonais fiers de leur pays ont développé une sorte de résistance passive, avec des écoles clandestines d'Histoire et de littérature polonaises. Cela se double d'un combat féministe avec des universités volantes où les femmes parviennent à un haut niveau d'éducation à condition de ne pas se faire prendre. Ce sentiment patriotique polonais m'avait déjà frappé chez Frédéric Chopin. Ajoutez à cela les épidémies qui se succèdent, vous avez un tableau de la vie difficile de Marie et sa famille.

Pourtant la description n'est ni amère ni particulièrement triste. La chaleur du foyer familial réchauffe tout. Marie passe plusieurs en tant que gouvernante chez des bourgeois aisés afin de payer à sa soeur des études de médecine en France. Sa soeur lui retourne l'ascenseur en facilitant sa propre installation à Paris.

Puis c'est la rencontre avec Pierre Curie et leur collaboration. A ma grande joie, la partie scientifique n'est pas négligée par la bd et entre dans le détail. Je me suis vu replongé dans la pièce « Les palmes de M. Schutz » de Jean-Noël Fenwick. C'est terriblement fascinant de voir ce que ces deux chercheurs arrivent à tirer des faibles moyens à leur disposition. Pierre Curie prend même des risques inconsidérés en testant sur lui-même une solution à base de radium.
J'ai beaucoup apprécié la cérémonie du prix Nobel et l'avertissement clamé par Pierre Curie lors de son discours : « On peut se demander si l'humanité a avantage à connaître les secrets de la nature, si elle est mûre pour en profiter ou si cette connaissance ne lui sera pas nuisible ». Ma réponse serait « les deux mon général » : la découverte de la radioactivité est un profit à court terme, et une épée de Damoclès au-dessus de l'existence de toute vie sur Terre à moyen terme.

Je ressors de cette biographie dessinée plein d'admiration pour cette femme qui a mérité dix fois sa place au Panthéon. Merci à petitsoleil de me l'avoir fait découvrir.
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