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Critique de EvlyneLeraut


Olympien, profondément sensible, « Banc de brume » est essentiel et intime.
Comprendre ce qui fut de cet accident d'avion survenu en 1976. Lorsque l'oncle (Olivier) et la tante (Yvonne), de la narratrice Alice, sont tragiquement décédés.
« Un banc de brume prend tout son sens.
Ce récit aux notes autobiographiques, est à mille mille du pathos. Superbement écrit, on pénètre subrepticement cette histoire de vie à l'instar d'une nage dans un lac glacé.
Alice rassemble l'épars avec conviction et ténacité. Tel un puzzle, elle rassemble les informations, les dires et ce qui se cache dans l'orée de ce mystère. le silence lourd d'une famille élargie qui a scellé ce drame au plus profond de leur conscience.
La Bretagne et ses habitus en toile de fond. Entre les embruns, le décorum d'une région mélancolique, gémellaire de « Banc de brume ».
« Le souvenir du mariage ne pourra plus être un simple souvenir heureux. Il sera désormais une circonstance aggravante… du silence opaque qui empli la nef glacée. »
À peine mariés, quatre jours à peine, la tragédie est une noria d'oiseaux noirs. Yvonne et Olivier ne sont plus. Que s'est-il passé en ce fatidique 4 janvier ?
Un vol en avion, un cadeau de mariage qui se fissure sur le sol, tel du papier cadeau froissé. Ce cercle familial est un bandeau noir, le silence d'une décennie.
Alice va enquêter. Elle collecte les paroles. Sa ténacité est une forme lumineuse de résilience. le deuil en advenir. Enfin.
La trame est une main tendue. L'écho qui brise le mutisme tel un brise-glace. Rédactrice de son, sa démarche journalistique est dans un même tempo initiatique. Elle sait les sons et les murmures sur les lèvres.
L'anéantissement, la sidération, Yvonne et Olivier, la chute d'Icare.
Tels deux papillons éphémères qui ne vivent que trois jours. La porte claquée sur leur advenir.
C'est en cela que ce récit est majestueux, pudique et spéculatif. La mémoire d'un jeune couple réhabilitée dans le grand jour.
L'écriture est un palais d'honneur. Elle lève le voile telles des miscellanées sur un drame familial, dont les résonances traversent les générations, comme un train dans un tunnel. Une chape de plomb sur les lèvres cousues.
« L'amnésie n'avait pas seulement atteint les témoins directs de l'histoire. Elle avait gagné aussi ceux qui en avaient été partiellement les dépositaires. »
« Banc de brume » est un livre qui ouvre et octroie la réponse. Comme la pleine lune qui ne ment pas. C'est un feu de cheminée dont chaque crépitement est un requiem mémoriel. C'est un livre des tragédies familiales. Sa magnificence est du baume sur le coeur. Digne d'un génie évident, ce premier roman de Sophie Berger dépasse largement ses grands frères. C'est un véritable coup de coeur !
Publié par les majeures Éditions Gallimard. Une rentrée littéraire hivernale de renom !
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