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Critique de Chri


Chri
02 novembre 2016
« du mécanique plaqué sur du vivant ». La comédie ne serait pas un art si ce principe primitif énoncé par Bergson n'était qu'une recette.
Pourtant, quand je vois la tête de Louis de Funes dans l'Avare (ou dans ses autres comédies), je vois immédiatement la raideur du personnage et ça suffit presque à faire rire.
Lorsque mes enfants de 9 et 11 ans ont ri à gorge déployée en regardant cette comédie (la version filmée), c'était presque étonnant. En tous les cas la belle langue de Molière faisait bien partie du cocktail.
J'ai lu le « Rire » en pensant à cette expérience. de quoi rit-on ? Pourquoi rit-on ?
En analysant les différentes formes du comique, Bergson teste aussi sa philosophie du vivant. Et comme tout ce qui est vivant, Bergson sait que le rire ne s'enferme pas dans une définition. C'est tout l'intérêt de sa philosophie. La pensée est mouvante, inductive, déductive, vivante entre l'incertitude et les triomphes éphémères. La langue est fluide, claire et concise tout en avoisinant la poésie.
L'art vise à faire lâcher prise et Molière réussi son coup lorsque le public se met à rire. Mais là on ne rit plus seulement de la raideur du personnage mais de son vice, l'avarice, et peut-être même de la vanité, mère de tous les vices.
C'est que le personnage de la pièce a lui aussi perdu une certaine attention à la vie en se comportant de la sorte. Et le rire ici, donc l'art, a une fonction de correction sociale. « On pourrait dire que le remède spécifique de la vanité est le rire, et que le défaut essentiellement risible est la vanité ».
Le « Rire » ouvre donc une réflexion sociologique qui ne demande qu'à être développée. Il ne faudrait donc sans doute pas trop prêter attention au pessimisme qui envahit Bergson à la fin de son essai : « le rire n'aurait rien de très bienveillant. Il rendrait plutôt le mal pour le mal ».
Il ne lui suffirait pourtant que prolonger sa propre citation de la poésie de Sully-Prudhomme (à propos de Spinoza) en dévoilant un vers de plus sur le bien et le mal :
"Ce sage démontrait avec simplicité
Que le bien et le mal sont d'antiques sornettes
Et les libres mortels d'humbles marionnettes
Dont le fil est aux mains de la nécessité".
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