Ils avaient quitté une petite paysanne, et se trouvaient devant une jeune femme vêtue en homme, aux cheveux coupés comme les chevaliers, à la voix forte et assurée. Ses habits étaient beaux, chausses collantes tirées sur les cuisses, pourpoint blanc, chemise de drap fin, souples bottes de daim.
Selon les usages de la guerre, les prisonniers restaient propriété de ceux qui les avaient épargnés, jusqu’à versement d’une rançon.
Il n’y avait pas de doute, la Pucelle près du Roi, c’était la faveur de Dieu. Elle se retirait, Dieu se retirait aussi.
Jamais, depuis qu’ils combattaient, depuis qu’ils étaient nés et depuis que leur père et leur grand-père étaient nés, l’armée française n’avait infligé une aussi sévère défaite à l’armée anglaise. Crécy et Azincourt étaient vengés.
Ces deux figures de la même femme, chef de guerre et pieuse enfant, fascinaient les gens.
Ces deux figures de la même femme, chef de guerre et pieuse enfant, fascinaient les gens.
La simplicité de ses manières n’ôtait rien de son prestige, mais l’augmentait de la vertu des modestes.
On disait qu’elle avait fait du petit roi à la triste figure un autre homme, qu’il avait changé, comme si la vie l’avait traversé.
La confiance et l’affection admirative de ses premiers compagnons de voyage, ses protecteurs devenus ses protégés, la considération du roi, celle des théologiens et sages de Poitiers ensuite, avaient renforcé, non sa détermination, mais le sentiment que se trouvaient en elle des moyens puissants et qu’ils donneraient bientôt leur pleine mesure. Elle le lisait dans les yeux des autres.
Si la nommée Jeanne agissait par Dieu, on le saurait assez en la menant à Orléans. Que risquait-on d’essayer ? Le ridicule ? Au point on en en était, il ne tuerait pas un Français de plus.