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Critique de jvermeer


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« Dans mon art, j'ai cherché à m'expliquer la vie et son sens – j'ai aussi eu l'intention d'aider les autres à comprendre leur propre vie. »

« le Cri », tableau d'Édouard Munch peint en 1893, a fait le tour du monde. Pourtant, peu de personnes connaissent ce peintre, en dehors des passionnés ou spécialistes de peinture symboliste et expressionniste. le superbe catalogue de Claire Bernardi publié pour l'exposition actuelle du musée d'Orsay m'a été offert. J'ai voulu en savoir plus.

L'imaginaire du peintre est vaste. Ce qu'il veut exprimer dans ses toiles, plus particulièrement dans un tableau nommé « Métabolisme » faisant écho au motif biblique d'Adam et Eve, est une continuité vitale entre humains et nature qui prend corps dans la relation amoureuse entre un homme et une femme. Ce thème de l'amour est développé dans sa naissance, son développement et sa fin, envisagé de manière cyclique. Selon Munch, la nature serait un corps traversé par des humeurs et des énergies, forces d'animation universelles, image de la vie dans un perpétuel recommencement.

La première exposition de Munch à Berlin en 1892 provoque un tollé devant une peinture totalement incomprise. Il devient le pionnier de l'expressionnisme dans la peinture moderne, s'inscrivant dans la lignée de ces artistes qui inventent une nouvelle esthétique faite de couleurs vives, de lumière, marquant l'évolution de l'art du début du 20e siècle.

« La Frise de la vie » est son grand projet artistique. Une continuité entre les oeuvres est le fondement de sa conception cyclique de l'art. « La frise doit être considérée comme une suite de peintures décoratives qui, prises ensemble, entendent donner une impression de vie. ». Les différents âges de la vie sont exprimés à travers les émotions liant les compositions comme la longue chevelure féminine de la couverture du catalogue évoquant les liens de l'homme à la nature. « Ses cheveux s'étaient enroulés autour de moi comme des serpents rouge sang. »
Nous retrouvons dans « La frise de la vie » les toiles les plus importantes de l'oeuvre : le Cri, la puberté, le baiser, anxiété, désespoir, vampire, mélancolie, jalousie, séparation.

« le Cri »
Dans un carnet de notes, Munch écrit plusieurs textes expliquant la création de ce célèbre tableau qui prit forme à la vue d'un paysage qui l'entourait : « … le soleil était en train de se coucher - le ciel est soudain devenu rouge sang - j'ai éprouvé comme une bouffée de mélancolie… j'ai regardé les nuages qui flamboyaient comme sang et épée – j'étais là, tremblant d'épouvante - et j'ai ressenti comme un grand cri infini à travers la nature. »
Ce visage épouvanté, déformé et asexué serait un cri existentiel face au caractère transitoire de la vie, face à l'amour, face au monde et à sa complexité.

En parallèle avec la peinture, tout au long de sa vie, Munch poursuit une activité littéraire : journal, correspondances, essais, poésie en prose. Les thèmes essentiels de sa peinture, tirés de sa propre existence, se retrouvent dans ses écrits : maladie, amour, famille, peur, mort.

Le magnifique tableau « Madone », sacre de la beauté féminine, femme source de vie, me paraît correspondre parfaitement au texte de l'artiste écrit ci-dessous :
« le clair de lune glisse sur ton visage
Empli de toute la beauté – et la douleur – du monde
Tes lèvres sont tels deux serpents rubis
Et pleines de sang comme le fruit cramoisi
Elles s'écartent comme sous l'effet de la douleur
Le sourire d'un cadavre. »

Dans les années 1910, « le Soleil » occupe la place centrale du mur du fond d'un travail décoratif monumental dans la salle de réception de l'université royale Frederik à Kristiana. Cette peinture symboliste donne une vision de la puissance régénératrice de la lumière.

La peinture de Munch est loin d'être ma préférée, mais ce peintre m'a subjugué par son talent, même s'il a parfois un côté désespérant qui peut ne pas plaire.
Il peint des personnes vivantes qui respirent, s'émeuvent, souffrent, aiment et meurt. Au-delà de la forme stylisée, ses oeuvres explorent les sentiments intérieurs et les expériences de la vie. J'ai repensé à Vincent van Gogh : « J'ai compris qu'il ne fallait pas dessiner une main, mais un geste, pas une tête parfaitement exacte, mais l'expression profonde qui s'en dégage, comme celle d'un bêcheur reniflant le vent quand il se redresse, fatigué. »

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