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Critique de Bookycooky


Carlos Bernatek, un auteur argentin presque inconnu sur Babelio, dommage....
Un premier livre intéressant, original et mystérieux " Banzai", traduit en 2014. Et voici une deuxième traduction qui vient de sortir, toujours chez les éditions de l'Olivier; en faites un livre publié en v.o. avant "Banzai", en 2007.

Fils d'immigrants tchèques (comme l'auteur), Poli Malachek, la cinquantaine est marié à une belle jeune femme, enseignante, de dix-huit ans son cadet, dont il a un petit garçon. Représentant de commerce en dicos et encyclopédies, rarement au foyer, son couple bat de l'aile. La cerise sur le gâteau, il découvre chez lui, un poème d'amour adressé à sa femme. Ses talents de détective vont s'avérer fatals, et comme un malheur n'arrive jamais seul......

Selva, jeune femme de vingt-cinq ans, quitte la ville pour un poste de gérant de bar dans une obscure, petite station balnéaire. Pour elle qui n'a vu la mer qu'à la télé et dans les films, c'est l'aventure. Mais l'aventure se révèle kafkaïenne........

Nous voici, à leur suite, en plein province argentine, seuls, un peu perdus, plongés dans la léthargie de la chaleur violente....petites villes " d'une autre époque,plein d'attentes que le temps avait déçues", usines fermées........un pays qui " part en couilles....On le voyait pencher, dévier, décliner, et puis il s'est cassé la gueule, et basta."-. Alors que Selva lutte contre le sable qui s'infiltre de partout, en attendant l'inauguration improbable du bar, Poli qui a largué les amarres, est pris dans les filets d'évangélistes douteux. Bernatek décortique le monde intérieur de ces deux êtres solitaires, au fond gentils et naïfs, qui se cherchent un chemin au jour le jour, essayant vainement de s'accrocher à des valeurs inculquées dans leur enfance; des valeurs déjà devenues obsolètes dans l'abîme qu'est la Vie, et la perversité de ceux qui la peuplent, voleurs, violeurs, manipulateurs.......Englués dans une sensualité vécue ou fantasmée, qui coule à flot, la sexualité semble être à la base de leur chemin de croix.


Dans ce livre , comme dans Banzai, on retrouve ces personnages qui n'entrent dans aucune normes sociales, des marginaux que Bernatek nomme "des survivants". Ils traînent leur spleen dans leur no man's land , et bien sûr en passant l'auteur ne nous épargne pas les petits détails de l'atrocité de la dictature (" je crois avant les fêtes, des morceaux de corps ont commencé à apparaître sur la plage").
Tout ce que je viens de vous débiter semble sinistre, eh bien non ! Il y a l'humour et bien sûr Bernatek qui nous embobine si bien, qu'afin de connaître ce qui suit dans l'histoire, on la lit d'une traite comme un thriller, un thriller très bien écrit avec une fin intéressante.

"J'aime les vies qui n'entrent dans aucune statistique. Mes personnages n'existent pas. Ils ne laisseront aucune trace dans le cours de l'histoire. Ce sont pour ainsi dire des créatures accidentelles. Des êtres sans destin."( C.Bernatek )
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