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Critique de ASAI


Cette autobiographie m'a été offerte par un ami, très cher, et je l'en remercie infiniment. Lui a le bonheur d'avoir lu ce chef d'oeuvre dans la langue d'origine. Ce qui n'est pas mon cas, mais j'ai pu entrevoir le travail remarquable du traducteur.
Ici, certes, il s'agit d'une autobiographie mais cela pourrait aussi bien être un court roman ou un court récit sur la brève vie d'un enfant né au début des années 30, dans une Autriche qui sera rapidement germanisée. D'ailleurs la famille et l'enfant émigrent en Allemagne juste avant la guerre.
Ce qui m'a bouleversée d'abord et enfin est l'écriture de Thomas Bernhard. Telle une pierre précieuse, lumineuse, colorée, légère, émouvante, changeante, cristalline, vivante, mouvante, solaire, lunaire, musicale bien sûr aussi, brutale si nécessaire, réaliste au besoin. Une émeraude non taillée mais déjà si fine, une aigue marine posée brute sur sa gangue et en jaillissant émerveillée.
Cette écriture est d'une jouissance inégalable.
L'histoire, de ce petit garçon, Thomas, est belle. Belle dans le tragique, belle dans l'amour maternel inexistant, belle dans la relation avec le grand-père maternel, alors magnifiée.
Triste dans les belles figures qui disparaissent au gré des maladies, de l'histoire, de la guerre.
Atroce dans ce que le jeune Thomas a dû subir comme humiliations, encore et encore. Sa mère le rejette car il est illégitime et il lui rappelle quotidiennement cet épisode, l'école le rejette car il a une culture qui n'est pas dans les "modes" (il a la culture du grand père), l'école, les camarades, le rejette car il est un pisse-au-lit...
et cetera.
Thomas Bernhard sait très bien, très précisément, rappeler toutes les discriminations, tous les cloisonnements, les rejets, les exclusions qui s'accompagnaient d'humiliations, de gestes vexatoires, de propos abjects, à l'adresse du "différent" du "pas comme les autres". Et le sublime, est qu'il a sublimé cette vie, ces épisodes, et il a fini de constater que peu de chose ne changeait. Les humiliations, les exclusions, les mises à l'index, existent toujours. Les conneries des guerres aussi.
J'aurais aimé que Thomas Bernhard vive encore un peu pour nous en dire plus. Pour nous mettre une petite lumière sur ce monde suffisant, absurde, que son grand-père lui présentait déjà. Et comme il le constate lorsqu'il retourne à cette maison horrible pour enfants à redresser, rien n'a changé.
Une sublime lecture, bouleversante, enfin d'une profonde humanité.

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