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Critique de bobfutur


Deuxième volet de la trilogie colombienne humanisto-foutraquo-magique du citoyen du monde Louis de Bernières.
Après le très bon, mais quelque peu brouillon, « La Guerre des fesses de don Emmanuel », voici un épisode un peu mieux structuré, davantage centré sur son personnage éponyme, Señor Dionisio Vivo, professeur de philosophie en guerre épistolaire contre les narcos, super-héros un peu malgré lui, bien qu'individu d'exception.
L'auteur en fait de nouveau son idéal humain, mélange crédible et enviable bien dans ses défauts, en faisant même des qualités, lavée des traits si courants à ses contemporains — la lâcheté, l'orgueil et l'ignorance comme voyantes premières pages du catalogue — sans jamais tomber dans la canonisation ni l'exaspération devant cette perfection décidément hors du monde…

Alors qu'on aurait beaucoup aimé passer un peu plus de temps avec Don Emmanuel dans le premier volet — celui-ci faisant ici quelques apparitions discrètes, accompagné d'autres « seconds rôles » passés, justifiant ce timide caractère de suite directe — cet irrésistible immigré britannique devenu patriarche de cette localité agricole métissée, rappelant aux pénibles tenants postmodernes les infinies possibilités de la créolisation, les enterrant sous leurs horribles concepts d'appropriation culturelle et autre décolonialisme…
( pardon de toujours y revenir, surtout à propos d'un livre paru quelque temps avant l'essentialisation de ces débats, mais on ne peut faire deux pas aujourd'hui sans y être confronté… )
Ici, Señor Vivo occupe quasiment toute la place, pour notre plus grand plaisir, à défaut peut-être de son histoire d'amour, qui prend des airs grotesques de tragédie, alors que tout semblerait facilement résoluble, en comparaison des anacondas que l'auteur nous fait parfois avaler ; elle finit par prendre une place considérable dans l'histoire, qui n'avait peut-être pas besoin de ce poids pour trouver son équilibre.
C'est dans la narration le seul véritable point faible, sans doute là pour incarner la part « vraie » de ce Réalisme-Magique sous l'égide duquel l'auteur ancre sa trilogie-hommage à l'Amérique Latine.

Equilibre il reste, si difficile à tenir, quand on relate les horreurs de cette industrie plus puissante que tous les Etats qui l'abritent, et que l'on cherche à garder une certaine légèreté, un fatalisme comique sans tomber dans le sarcasme désabusé ; conserver cet humour comme défi à la réalité ; sûrement la meilleure manière de procéder…

On s'achemine tranquillement, en confiance, vers le dernier opus de la trilogie, « La calamiteuse progéniture du cardinal Guzman », en essayant cette fois-ci de ne pas laisser passer deux ans entre les épisodes.
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