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Critique de Luniver


Vous détestez les maths ? Rassurez-vous, les mathématiciens aussi !

C'est, grossièrement résumé, le propos de cet essai. Les mathématiciens trouvent que les papiers écrits par leurs confrères sont la plupart du temps du charabia imbitable ; et ils détestent produire les leurs. Car les mathématiques sont finalement une affaire sensuelle : comme les musiciens parviennent à convertir des partitions en accords mélodieux, les mathématiciens parviennent à convertir les symboles cabalistiques en figures limpides… dans leur tête du moins. Et c'est tout le drame de la discipline : on ne peut pas « écouter » les maths dans la tête de quelqu'un d'autre. Chacun doit redécouvrir personnellement tout le chemin.

L'auteur regrette que l'enseignement de la discipline se focaliser essentiellement sur la maîtrise des codes de l'écriture mathématique, et pas sur le développement de l'imagination et de la capacité à « voir » dans sa tête des concepts abstraits. Il est vrai que c'est difficile à noter, et qu'il n'existe pas de méthode d'« imagination clé en mains » enseignable à 25 (pardon, 35) élèves d'un coup. À travers une foule d'exemples, le livre prouve pourtant que la plasticité du cerveau est incroyable et nous permet de réaliser des prodiges, si la vie nous met au pied du mur.

J'ai également apprécié que l'auteur aborde sereinement le thème de la folie en mathématiques. Il est vrai que quand on étudie la discipline, on est frappé par le nombre de chercheurs brillants et révolutionnant leur discipline qui connaissent des fins de vie… agitées : schizophrénie, paranoïa, crises mystiques, … David Bessis l'explique par une hyper-spécialisation forcée de son esprit qui finit par provoquer des dégâts ; ceux qui ont déjà connu ces périodes d'intense concentration où une idée vous saisit dès le réveil, vous suit sous la douche et pendant vos repas, et ne vous lâche qu'au seuil du sommeil, pourront comprendre le danger qu'il y a à vivre de cette manière en continu.

Le ton du livre est léger, assez proche d'une discussion personnelle que l'on pourrait avoir avec l'auteur. Et surtout, il dédramatise les mathématiques : ce qui compte dans la discipline, bien plus que la régurgitation de démonstrations, c'est l'intuition et l'imagination, et ça, personne ne peut prétendre en être totalement dépourvu.
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