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Critique de marina53


17 août 1915, prison d'état de Milledgville, Géorgie. Un groupe d'hommes force le directeur et le gardien à les laisser entrer. Parmi les prisonniers, ils trouvent rapidement Leo Franck qu'ils obligent à les suivre. Dans la voiture, bien que l'un d'eux demande à Leo s'il a tué Mary Phagan et que celui-ci lui répond par la négative, son destin semble tout tracé. Et c'est au bout d'une corde, suspendu à un arbre que Leo Franck meurt au petit matin...
Bristol, Virginie, mars 1982. Un certain Alonzo Mann a, visiblement, des choses à révéler sur l'affaire Leo Franck. Aussi a-t-il fait venir deux journalistes afin de leur raconter sa version de l'histoire... Alors jeune adolescent en 1913, il bossait à la fabrique de crayons appartenant à Leo Franck, un juif venant de New-York. Celui-ci faisait travailler de nombreuses jeunes filles, dont Mary Phagan. En ce jour de fête nationale, elle vient chercher sa paye de la semaine. Ce n'est que bien plus tard dans la journée que le veilleur de nuit découvre le corps sans vie de la jeune fille. Même si dans une lettre qu'elle a laissée près d'elle, elle désigne un noir, les enquêteurs soupçonnent aussitôt Leo Franck, parce que propriétaire de l'usine...

Visiblement, il n'était pas bon d'être noir à Atlanta dans les années 1910 ni d'être juif, encore moins lorsque l'on a réussi... Xavier Bétaucourt nous relate avec cet album l'affaire Leo Franck. Malgré les preuves accablantes innocentant le chef d'entreprise, malgré les soi-disant meilleurs enquêteurs, malgré la note laissée par la victime, tout le monde soupçonne Leo Franck, son comportement jouant contre lui. À grand coup de unes racoleuses, l'homme jusqu'ici respectable et respecté devient très vite le coupable idéal. À partir de témoignages, réquisitions, d'éditos ou pamphlets tirés de divers journaux, l'album, fort bien documenté, relate une affaire édifiante. Sur fond de racisme et de préjugé antisémite, il montre combien l'enquête a été bâclée. Graphiquement, le trait d'Olivier Perret nous plonge parfaitement dans l'ambiance de ces années de début de siècle et les émotions des différents protagonistes, le choix des couleurs de Paul Bona se portant vers les tons ocre.

En concluant cet album par une intervention de Donald Trump lors des affrontements de Charlottesville, en août 2017, les auteurs montrent combien ces comportements font écho encore aujourd'hui.

Un album passionnant, révoltant et utile...
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