AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sovane


Pour avoir pu suivre une version courte et en ligne de cette formation j'avais hâte de pouvoir parcourir l'ouvrage de Nicolas Beudon dans son intégralité. Nul doute qu'il va devenir un indispensable pour tout établissement de lecture publique qui se respecte et qui souhaite améliorer l'accès à ses espaces et à ses collections, voire un classique de la bibliothéconomie moderne. Car certains préceptes de merchandising se transposent fort bien hors champ commercial, en particulier lorsque l'on parle de présentation d'objets et d'orientation des humains. L'auteur, connu pour son blog "Le recueil factice" nous livre ici les conclusions de plusieurs années de recherches, de prospections, d'échanges et de découvertes.

Si la mise en espace est d'ores et déjà un acte de médiation , Nicolas Beudon dévoile en 50 fiches thématiques, adaptées à toutes les situations, une analyse pertinente et des conseils judicieux pour rendre les médiathèques abordables, intuitives et inspirantes. En débutant par "les grands principes", l'on passe de "la valorisation des collections" à "l'information et la communication", pour terminer par "l'aménagement intérieur" et de précieux "retours d'expériences". L'ouvrage s'achève par une grille d'observation qui permettra à chacun d'évaluer l'existant et d'en tirer les enseignements et les axes d'amélioration à mettre en oeuvre. le merchandising apparait avec l'essor du libre service dans les commerces, ce concept alors nouveau est mis notamment en lumière dans le roman d'Emile Zola, "Au bonheur des dames". Cette approche centrée sur l'humain propose de modifier l'environnement plutôt que les gens ; elle s'est aujourd'hui démocratisée avec un certain nombres de pratiques entrées dans l'usage, comme en témoigne l'expression désormais bien connue d'"expérience utilisateur".

Il s'agit de prendre en compte des phénomènes universels comme "l'angoisse de la bibliothèque", identifié dans des études dès 1986, et des notions fondamentales comme "le paradoxe du choix", "le principe de la longue traîne" ou "l'effet présentoir". le recours aux nudges, procédés incitatifs qualifiés parfois de "paternalisme libertaire", permet d'imaginer d'autres moyens de communiquer auprès du public. Enfin l'analyse des biais, comme "le principe de moindre effort", et de la circulation naturelle des personnes viennent apporter des éclairages nouveaux. Ainsi dans une médiathèque comme partout ailleurs de par le monde, les personnes partent en général sur la droite en entrant dans un lieu, et vont dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Cet ouvrage indispensable aborde aussi les 3 niveaux de la signalétique (primaire, secondaire et tertiaire), que l'on peut accompagner d'objets balise. Il distingue ainsi la signalétique d'orientation, la signalétique didactique, réglementaire et informationnelle. L'auteur y dévoile également les notions de "Sibérie du monde commercial", de "dispositif passerelle", il nous parle des "lecteurs du frais", les amateurs de nouveautés, ou "d'arbre de décision" si possible farfelus. J'ai découvert le terme de "biblioclothanasia", qui qualifie la mort de livres par asphyxie, ou noyés dans la masse. Truffé de références d'études et d'analyse, ce livre vous invitera à faire la chasse au scotch et vous permettra de répondre à l'épineuse question "peut-on vraiment survivre sans Dewey ?".
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}