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Critique de oran


Hizya comme son héroïne éponyme de cette élégie écrite au XIX e siècle par le poète algérien Mohamed Ben Guittoun , chantée au XX e , rêve d'amour, de liberté, d'infinie, de grâce …
Pourtant elle est confrontée à son statut de femme musulmane, dans une famille qui sans être miséreuse, est contrainte de vivre dans un immeuble qui, un jour, finira par s'écrouler, car faute de moyens, il n'est pas entretenu.
Hizya a fréquenté l'université, elle est diplômée mais dans une économie depuis longtemps en berne, elle n'a pas trouvé de poste en adéquation avec ses études. Elle a donc suivi une vague formation de reconversion et travaille comme coiffeuse dans un salon. Cet endroit c'est son havre, où elle retrouve ses collègues de travail, un lieu amical ouvert aux discussions, aux fantasmes, aux consolations, aux rêves…
Hizya est confronté au carcan sociétal qui , encore plus dans les milieux modestes, déconsidère la femme par son statut inférieur, elle est aux prises à l'univers carcéral de sa famille, plus particulièrement de sa mère qui espionne sa vie , ne lui laissant ainsi aucune possibilité de se déshonorer, elle est victime, comme tant d'autres de l'hypocrisie ambiante malsaine , des tabous , de l'étroitesse d'esprit d'une classe ankylosée qui ne sait, qui ne veut pas évoluer, ou si peu.
Mais elle travaille et peut donc acquérir ainsi un semblant d' indépendance et surtout un espace de liberté et puis, il y a le téléphone portable qui donne une certaine autonomie , la terrasse blanche et la poésie pour rêver et s'évader.
Hizya va rencontrer un jeune homme, elle apprendra peu à peu à le connaitre, elle deviendra pragmatique, échangera ses rêves de liberté contre une vie plus réaliste, plus terre à terre, elle suivra un chemin de vie sans doute moins contraignant, moins étriqué, moins douloureux que celui qu'on lui imposait de prendre, une voie sans issue. Pour elle, ainsi, un zeste de bonheur.

Encore une fois Maïssa Bey dénonce avec un courage et un réalisme remarquable la condition des femmes musulmanes, celle des Algériennes en particulier. Elle met en opposition le statut des femmes des nouvelles générations et celui des femmes au moment de l'Indépendance du pays, qui avaient acquis une liberté et une position appréciable.
Maïssa Bey marquée à jamais par Janine, la femme adultère de l'Exil et du Royaume , un hymne à l'amour, aux rêves, à la liberté.

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