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Critique de Annette55


Hizya a vingt - trois ans.Elle a fréquenté l'université, où elle a obtenu un diplôme d'interprète de la fac d'Alger, période privilégiée , --la plus exaltante et lumineuse de sa vie--
C'est là qu'elle a rencontré les "Mots", ceux qui ont chair et résonance , découvert les joies de la littérature et sa passion intense pour la poésie ....
Les filles y étaient plus nombreuses , statistiquement , que les garçons .
Elle a finalement trouvé du travail .......dans un salon de coiffure...
Toujours chez ses parents , sous l'oeil attentif de ses deux frères Boumediene et Abdelkader, qui n'ont pas fait d'études...
Hizya a des projets plein la tête , rêve d'amour et de liberté .
Comment concilier envie de liberté et réalité du quotidien?
Elle est confrontée à une vision trés éloignée de ses désirs.
Quelle est sa place dans la société algérienne ?
C'est une fille posée, sérieuse, pétrie de révoltes cachées, de peurs intimes, de méfiance, indépendante dans sa tête et tenace , mince et grande au physique , dans une société immobile, où le mot liberté "n'est pas conjugué" au féminin
Il lui manque l'insolence !
Les femmes de la génération de sa mére ont appris trés tôt à se résigner et non "à vivre".
Hizya , elle , veut prendre son envol ....
Le statut et la condition de la femme musulmane, celle des algériennes , est dénoncé avec élégance , virulence, force , et réalisme douloureux par l'auteur .
Les femmes doivent plier sous le joug et se méfient de l'homme, soumises, écrasées par l'amertume et les rancoeurs , l'aigreur des silences, les ragots , les choses cachées , le jeu de l'hypocrisie , de le bigoterie et de la bienséance ,...
Seules les femmes vieillissantes dans cette société prennent souvent leur revanche sur le Mektoub, le destin, -----en humiliant leur belle-fille-----comme elles l'ont été par leur belle-mère ---

Elles sont confrontées aux archaïsmes masculins et religieux, elles n'ont pas le choix---- les droits immémoriaux et inaliénables des hommes ----le droit à l'esclavage domestique de leur épouse ..
Les jeunes femmes comme Hizya étouffent et suffoquent dans ce pays immobile .
Celle- ci désire se bouger, se cherche , se juge, se morigène , se pose des questions, met en avant , honnêtement , ses contradictions et les mensonges qu'elle se fait à elle- même.
C'est un trés beau texte intelligent et fin, profond et singulier, brûlant de passion , truffé de sublimes fulgurances poétiques .
Un récit vibrant , sidérant de grâce , lumineux et réaliste à la fois , un hymne magistral à l'amour, à la liberté, à l'émancipation , illuminé par la poésie et un portrait rutilant de femme . .....
L'auteur se jette dans la bataille afin que les futures femmes, mères et épouses algériennes puissent construire leur vie d'adulte enfin libres !
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