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Critique de Annette55


«  Ils voulaient en finir avec la prudence, réinventer une forme de grâce qui mettrait le vieux monde à genoux..Ballotés entre désir de liberté et nostalgie du chaos , ils crurent «  un instant » au mirage de la radicalité. »
Extrait de ce beau livre bouillonnant , désabusé où l'auteur revisite à sa manière à l'aide d'un style ample, dense , des chapitres courts «  La fin de l'ancien monde » , la page qui se tourne lors de la révolte de mai 1968 Lyonnaise ...

Lors d'une grande manifestation , un camion fou , avec Mila , accrochée à la portière , fonce sur les forces de l'ordre et percute le commissaire de police René Lacroix——-le seul mort des événements ——-décès dont les autorités vont naturellement se servir pour ramener le calme ...
Une des héroïnes : Mila s'échappe traquée par Marianne Delecourt , son éternelle rivale , conseillére juridique qui parle de gabegie, de subversion, et de cacophonie .
Elle est chargée par la municipalité de Lyon d'une enquête parallèle sur les émeutes du 25 mai 1968.
Elle est aussi l'amante du maire de Lyon, Louis Pradel , surnommé Zizi - Béton par ses administrés .
En parallèle les derniers leaders de l'OAS viennent d'être graciés par le président de la République .
Ils sortent de prison la tête haute.
Tous les personnages de ce récit bondissant et foisonnant, emporté et sans temps mort ,semblent se fuir eux- mêmes.

Ils s'agitent , s'assemblent sans panache, se ressemblent, s'aiment , s'abolissent, se reconnaissent puis s'annihilent.....
Delphine , étudiante en médecine , laiteuse au grand corps blanc, Mila l'éternelle rebelle , insoumise, Théo , journaliste photographe, Gaspard, Bibi, des personnages hauts en couleur .

Yves Bichet invente un étrange et minuscule appartement où trône , entre deux étages, une baignoire accrochée , propice à tous les fantasmes ....
Août 1970, Michel Raton et Marcel Munch foutraques, , déstructurés et trimardeurs marginaux attendent leur procès en prison dans la marmite du diable, donnant sut le Rhône ...Ce procès soldera l'héritage de mai 1968...
Fumées, barricades, affrontements , militantisme, manifestations , effervescence, pugilats, caches, anarchistes, insouciance rebelle, foule enragée...les mots fusent , et les rebondissements abondent ..., entre tumulte et nostalgie d'un chaos éphémère .

Las, les acteurs déchanteront , retour à l'Ordre, ils pensaient mettre le vieux monde à genoux....reflets des illusions perdues et des utopies éteintes ,.. Cause perdue ? Révolution qui consume ?
C'est un roman dense , rythmé , tourbillonnant, grouillant , traversé de flash - back, adossés à de brusques plongées dans le futur des personnages ....cinématographique aussi... 

«  —— Ce qui est nouveau, c'est que plus personne n'est effrayé par le sexe.
Pudeur , appréhension, culpabilité , c'est fini tout ça ...Mais pour l'amour rien n'a changé . On en a toujours aussi peur .
C'est aussi bien comme ça . On se contentera des mirages de la révolution et des promesses faisandées de l'amour... »
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