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Critique de Marcellina


Wouah ! Voici une étude des plus documentées sur l'effet des écrans dans le cadre scolaire et, même si j'avais déjà cette impression de course stérile à la technologie, j'en ai maintenant la confirmation avec des résultats chiffrés à l'appui.
De la lanterne magique à la tablette numérique personnelle en passant par les panneaux éducatifs, les diapositives, le rétro-projecteur, l'ordinateur, le cabinet d'écoute sur bandes audio, internet, le tableau blanc interactif et j'en passe, les gouvernements successifs depuis la fin du XIXème siècle n'ont fait que se répéter dans la course à l'éducation pseudo-innovante. A chaque nouvelle invention technologique, c'est le branle-bas de combat, on débloque des millions, on forme un petit groupe de professeurs, on lance le tout sans projet éducatif et à l'avancée suivante, on met tout en cartons direction la cave des établissements scolaires et on recommence… Même les discours sont réutilisables, suffit de mettre la bonne innovation, c'est désolant !
Et le pire, c'est l'absence de résultats ! Ainsi, en 2015, l'enquête Pisa démontrait clairement que malgré de gros investissements fournis par les états dans les technologies de l'information et de la communication dans le domaine de l'éducation, aucune amélioration notable n'a été observée en compréhension de l'écrit, en mathématiques et en sciences. Quel gâchis, quel gaspillage de temps et d'argent ! Drôle de société finalement qui admet à chaque fois la possibilité de sacrifier plusieurs générations d'élèves et d'étudiants sur l'autel de la course à la technologie qui ne bénéficie en fait qu'aux entreprises qui les ont inventées.

« On ne peut pas faire le lien entre numérisation et meilleur apprentissage ; on peut le faire en revanche entre numérisation et baisse des revenus enseignants ; entre numérisation et hausse des gains de l'industrie technologique. »

Déjà édifiant comme constat, mais ce n'est pas tout, loin de là.
L'école numérique est écologique et permet le zéro papier ! Faux ; il suffit de voir la corrélation entre le tout numérique et l'explosion des imprimantes 'familiales'.
L'école numérique est propre et économique ! Faux ; la fabrication et le recyclage des composants de nos tablettes est une véritable catastrophe écologique en plus de nécessiter une énorme dépense d'énergie fossile quand nos outils sont en fonctionnement. « C'est ainsi que tous les gains sur les réfrigérateurs AAA ou l'éclairage basse consommation ont été annihilés par le développement de l'informatique ; la 'box' reste désormais allumée en permanence, là où le téléphone au fil de cuivre ne consommait de l'électricité qu'une fois décroché... »
L'école numérique est saine ! Faux ; ainsi, le taux de myopie croit en parallèle avec l'augmentation du temps d'écran des enfants. Et la myopie n'est qu'un problème sanitaire parmi tant d'autres, je ne vais pas vous faire peur avec la quantité de phtalates que l'on retrouve dans les parties molles des tablettes pour les touts-petits ou encore le taux d'électro-fréquences dans notre quotidien qui ne cesse d'augmenter. Une solution simple pour l'école : augmenter le temps des récréations et revenir au crayon/papier :-) « En les incitant à se connecter le soir après la classe – en plus des copains et des réseaux sociaux-, l'école numérique ne peut qu'aggraver les troubles générés chez les enfants. »
L'école numérique est le résultat de la sage préoccupation de nos gouvernants pour ses enfants ! Faux ; juste le résultat marketing d'une multinationale bien connue, Microsoft en l'occurrence, qui n'a qu'un seul but, amasser un max de blé ! Et c'est réussi… Quand on pense que les patrons de cette entreprise inscrivent leurs propres enfants dans des écoles sans écrans tout en vantant l'écran partout ailleurs et en donnant, en plus, à de multiples oeuvres caritatives pour offrir le numérique aux enfants du monde entier, ça fait peur !

« Rassurons nos lecteurs les plus fortunés. Ce régime d'école sur écran, puis d'école sur écran à la maison, sera pour la plèbe, tandis que les enfants de l'élite pourront encore bénéficier de l'école 'présentielle'. »

A l'heure où l'éducation nationale demande aux enfants en maternelle de peindre sur tablette, les psys conseillent aux adultes victimes de burn-out de colorier des mandalas sur papier avec des crayons de couleurs. Bienvenue en absurdie :-)

Et pourtant, tout n'est pas perdu, des parents, des professeurs et même certains ministres se mobilisent pour faire retomber le nuage de paillettes merveilleuses promues par les vendeurs au top du monde numérique et qui enfume une bonne partie de nos dirigeants. Et les solutions existent bien pour faire évoluer l'école, pour la remettre au goût des élèves et de leurs professeurs, des solutions utilisées notamment dans ces fameuses écoles où les enfants des grands de la Silicon Valley sont justement inscrits. Et cerise sur le gâteau, ces solutions ne demandent pas d'investissements énormes, juste souvent de la bonne volonté et un esprit ouvert.

Alors, soyez tous vigilants, professeurs, parents, grands-parents, soyez peut-être un peu ringards et préférez les jeux de table aux jeux sur tablette, la conversation ensemble aux twitts multiples, le goûter pique-nique à la tartine devant la TV, la promenade en forêt à l'écran inerte et froid, la préparation des crêpes ensemble à la cuisine au chacun tout seul dans sa belle chambre toute cyber-équipée...

« Eduquer au numérique, c'est d'abord enseigner à s'en passer. »
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