Le premier plan que je conçus pour améliorer ma situation fut d'acheter des tickets de loterie. Cela me semblait être un moyen facile de gagner de l'argent. Et en effet, c'est le cas à condition d'avoir la chance avec soi. J'en fus pour ma peine, car tous les tickets que j'achetai s'avérèrent nuls.
Pour me donner de la valeur, il leur fallait me rendre célèbre - ceci ne fut pas chose difficile dans un pays où les hommes se forgent leurs opinions personnelles en fonction de ce qu'on leur apprend à penser.
(Le narrateur, devenu quaker, reproche à son neveu de perdre son temps en faisant de la musique et en appréciant la peinture)
- "On m' a dit, Jonathan, que tu taquinais la flûte et que tu tirais des sons profanes d'un violon, et pis, que tu goûtais la vanité des images peintes, que tu achetais même des images, et que tu t'essayais à la peinture.
- En effet, dit Jonathan, et je ne trouve rien dans les Ecritures qui l'interdise. (...) Qu'est-ce que le monde autour de nous sinon une grande salle de concert, retentissant de la musique des oiseaux et des bêtes, du vent, de l'eau et des feuillages ? Sinon une grande galerie d'images peintes par la main de la Providence ? La nature est peintre et musicienne, et ses enfants ne peuvent rien faire de mieux que suivre son exemple."